Usage des pesticides : Quand l’on se tue en voulant détruire des « espèces nuisibles »

La période agricole rime avec achat des pesticides au Burkina Faso, voire en Afrique. Si la philosophie des utilisateurs de ces polluants chimiques est de détruire les « espèces nuisibles aux cultures », leurs conséquences sont nuisibles à l’humanité.

De Frank Pougbila

Les pesticides sont des substances très souvent chimiques fabriquées par l’être humain pour détruire des espèces vivantes « nuisibles aux cultures ». Présentes en milieu rural comme urbain, ils sont utilisés au Burkina Faso plus par les producteurs agricoles.

Divers pesticides sont sur le marché. L’on a les insecticides, les herbicides, les parasiticides, les bactéricides, les virucides, les rodenticides, les rongeurs, les fongicides, le Chlordécone, les corbeaux et biens d’autres. Vu comme des « facilitateurs » à la production en quantité par nombreux producteurs agricoles, plusieurs ignorent ou font fi des conséquences environnementales et sanitaires de ces substances.

En cette période de production agricole, dans les campagnes, c’est la ruée vers les marchés pour se procurer des pesticides. Dans les grandes villes, les usines s’attèlent à satisfaire la demande. Et pourtant, l’on tue les espèces visées en se tuant. Sur l’environnement, les impacts sont plus négatifs que positifs.

Les pesticides chimiques ont toujours un impact direct sur les sols. L’usage à la longue des substances chimiques rendra le sol caduc. La terre sera infectée. Les rendements ne seront plus au rendez-vous des attentes. Sur la chaine alimentaire, les produits peuvent être infectés. Les maïs, le mil, le sorgho ne donneront pas.

Les légumes se vident de leurs substances naturelles en faisant place aux chimiques. Les animaux seront victimes de l’action de l’Homme sur la nature. Les bœufs, les moutons et autres bêtes qui brouteront les herbes détruites auront des conséquences pouvant conduire à la mort.  Les oiseaux qui se nourrissent des insectes mourront.

Les insectes qui jouent un rôle important dans la vie humaine seront supprimés au fur et à mesure à cause des insecticides. Les eaux sont polluées et deviennent impropres à la consommation humaine et animale. L’air subit aussi l’action des pesticides. Puis tout cela a un des conséquences énormes sur la santé de l’être humain.

Impacts sanitaires

Des recherches ont démontré que les pesticides peuvent provoquer de l’infertilité chez l’homme, des avortements spontanés, des cancers, des intoxications aiguës et des malformations des fœtus chez les femmes enceintes.

Le pesticide appelé Chlordécone (utilisé depuis 1993 aux Antilles) a un impact direct sur le fœtus exposé. Selon les études des chercheurs de l’Institut supérieur d’études maritimes (Isem), ils sont exposés à des retards dans le développement cognitif, visuel et moteur.

Depuis maintenant plusieurs années, le combat contre les pesticides est engagé. Plusieurs alertes ont été faites sur les conséquences de ces polluants. Dans plusieurs pays développés, l’usage est règlementé et bien suivi. Toutefois, dans les pays en développement, l’utilisation s’accroit.

Les pesticides interdits dans plusieurs pays occidentaux sont fabriqués et envoyés en Afrique. Ces intrants et pesticides chimiques de synthèse sont même subventionnés par des Etats. Le Burkina est un exemple de pays où les engrais chimiques et les pesticides sont subventionnés au profit des producteurs.

Plaider pour l’interdiction

Au moment où l’humanité alerte sur les conséquences visibles des changements climatiques, une prise de conscience sur la nécessité de protéger les espèces naturelles devient une obligation.  Des sanctions doivent être imposées aux fabricants et aux acheteurs de ces polluants.

Les textes juridiques doivent être renforcés pour reconnaitre les crimes contre l’écosystème. Une conférence Ouest africaine de l’Agriculture biologique, la 6ème du genre, est prévue au Burkina Faso du 13 au 16 octobre 2021.

C’est l’occasion pour les parties prenantes de formuler des plaidoyers pour aller vers l’abandon des intrants chimiques et pesticides chimiques de synthèse. C’est une aubaine aussi de solliciter la communauté internationale à intégrer l’Ecocide (crime contre l’écosystème) dans les textes de la Cour pénale internationale.

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