Chaîne alimentaire: des poisons ont envahi nos assiettes

La 6ème conférence Ouest-africaine de l’agriculture biologique se tient au Burkina Faso, du 13 au  16 octobre 2021. Le thème retenu est « nourrir le monde sans l’empoisonner ». Une thématique pertinente et d’actualité. Elle fait l’Object de l’édito de la presse environnementale Info Nature.

De Frank Pougbila

« Nourrir le monde sans l’empoisonner ». En première vue le profane se questionne sur la pertinence d’une telle thématique du moment où pour lui, « la vie continue de la plus belle des manières ». Et pourtant ! La vie va mal. Le monde se porte mal. Les humains se portent mal. Raison ? La chaîne alimentaire est empoisonnée. Il est urgent et impératif de faire une halte pour mener une réflexion. Le monde est empoisonné quotidiennement. Nos aliments sont empoisonnés.

 Les produits chimiques font corps désormais avec les habitudes alimentaires. Une réalité qui remonte de la deuxième guerre mondiale. A la sortie de la guerre, le monde voulait révolutionner l’agriculture et l’industrie. La solution trouvée était la création des molécules chimiques. Malheureusement, elles se sont très vite répandues dans l’environnement.

La conséquence directe est leur présence dans les aliments. En effet, les produits phytopharmaceutiques, les biocides, les médicaments vétérinaires, les additifs, les substances chimiques aux contacts des aliments sont biens souvent consommés par l’être humain. Le contrôle des risques sanitaires est quasi inexistant ou négligé par certaines autorités sanitaires et les producteurs eux-mêmes surtout dans les pays africains.

Les pesticides, les mercures, les nitrates et biens d’autres produits utilisés dans l’agriculture ou dans les industries se retrouvent dans les assiettes. Les mercures s’accumulent dans certains poissons et crustacés. Leur consommation est une intoxication et les conséquences sont les troubles neurologiques surtout chez les enfants.

Des résidus de pesticides sont le plus fréquents dans certains fruits et légumes. Dans les marchés,  les piments, les poivrons, les céleris, les fraises, les ananas, les ognons qui ont subi un dépassement des  limites autorisées sont des poisons qui se retrouvent dans les cuisines. Les conséquences sont l’infertilité, les cancers et les troubles de croissance.

Aussi, des résidus de certaines molécules chimiques sont présents entre autres dans les yaourts, les soupes,  les sels, les sucres, les chocolats, les beurres, les mollusques. C’est le cas des substances comme le plomb, l’aluminium, le cadmium, les hydrocarbures aromatiques. Leur accumulation dans le temps des doses infimes causera des problèmes sanitaires.

Consoglobe.com, un média français, informe que l’être humain consomme en moyenne l’équivalent d’une carte de crédit de plastique par semaine dans son alimentation.

Faut-il craindre la consommation locale ? Oui, il est important de savoir consommer. Si le « consommons local » est une politique mise en place par des Etats pour inciter leurs populations à consommer ce qu’elles produisent, l’interrogation majeure reste à savoir si le local est sain. Les habitudes alimentaires ont changé.

Les champs agricoles sont pollués. Les produits locaux contiennent désormais des substances chimiques. Le « consommons local » permet de remplir les caisses de l’Etat. Mais, qu’en est-il de la santé des consommateurs ? Le politique gagnera à se pencher sur cette question.

L’alternative reste la consommation des produits bio issus de l’agriculture biologique. C’est pourquoi, des organisations africaines qui sont convaincues de cette solution se rencontreront à Ouagadougou au Burkina Faso à l’occasion de la 6ème conférence Ouest-africaine de l’agriculture biologique. Elle est programmée pour se tenir du 13 au 16 octobre 2021.

La consommation ou la production du bio permet de nourrir les populations sainement. Les substances chimiques sont quasi nulles. N’est-ce pas ce qui a poussé ces organisations à retenir comme thème « nourrir le monde sans l’empoisonner » ? Cela est bien possible. Un changement au niveau des habitudes alimentaires s’impose. La transition vers l’agriculture et la consommation du bio est la meilleure des solutions.

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