Transition agroécologique au Burkina : l’Association nourrir sans détruire réunit des acteurs

«La contribution citoyenne à la génération des connaissances nécessaires pour la mise à l’échelle de l’agroécologie et l’accélération de la transition agro- écologique Burkina Faso». C’est à travers ce thème que des acteurs ont été réunis,le mercredi 7 décembre 2022 à Ouagadougou par l’Association nourrir sans détruire (ANSD).

De Frank Pougbila


Identifier des d’outils de préférence numériques utilisables dans des recherches participatives et qui permettent une grande contribution des citoyens à la génération des connaissances nécessaires à la mise à l’échelle de l’agro- écologie et à l’accélération de la transition agro- écologique. C’est l’objectif visé par l’Association nourrir sans détruire (ANSD). Pour l’atteindre, elle réunit des associations, organisations non-gouvernementales, chercheurs et structures étatiques à un atelier. C’était le mercredi 7 décembre 2022 à Ouagadougou.

Trois communications ont meublé les travaux. La cartographie des acteurs de l’agroécologie au Burkina Faso est présentée par Abdoulaye Semdé, expert en Agroécologie. Il fait savoir qu’il existe environ 280 acteurs agroécologiques selon la confédération paysanne du Faso. Les acteurs sont en majorité du secteur privé notamment des associations, coopératifs, groupements. Ayant présenté une cartographie de 60 acteurs , il note 32 acteurs intervenant dans la région du plateau central. Les domaines sont la vulgarisation, la formation, la commercialisation et la conception et recherche. « Très peu sont dans le financement des actions de promotion de l’agroécologie et dans les activités génératrices de revenus », dit-il.

Agroécologie
Monsieur Semdé invite à une synergie entre chercheurs et acteurs

En terme de techniques et technologies agroécologiques promues, il y a le compostage, les pratiques de conservation des eaux et des sols/ défense et restauration des sols( CES/DES), l’agroforesterie , fertilisants et semences améliorées. L’élevage , la formation, l’énergie , la mise en place des fermes, l’entrepreneuriat agricole, la certification et la transformation sont des technologies moins utilisées. Le présentateur fait le constat que la plupart des acteurs sont membres des cadres d’échanges, structures faîtières, groupes d’actions .

Les acteurs rencontrent des difficultés d’ordre financier, matériel, foncier, formation et sécuritaire. Pour résoudre ces préoccupations, il faut l’implication de l’État , une synergie d’action des acteurs sur le terrain. Il faut aussi une sécurisation foncière au profit des acteurs, impliquer la recherche dans toutes les activités menées sur le terrain.

Agroécologie
Les participants ont fait des propositions pour une transition agroécologique

Le deuxième exposé de monsieur Semdé porte sur les innovations et pratiques agroécologiques au Burkina Faso. En faisant l’état des lieux, il informe que l’agriculture Burkinabè est majoritairement de type familial. Malgré les efforts pour le développement de l’agriculture , des maux existent à cause des caprices des aléas climatiques, la dégradation des ressources en terre par les eaux et les vents, l’utilisation des engrais chimiques, la faiblesse de l’investissement et l’insuffisance de formation des ressources humaines.

L’impact est la baisse des rendements, la dégradation de l’environnement ,la pollution impactant la santé des êtres vivants. La solution est trouvée. L’agroécologie , une approche militante et citoyenne en faveur d’un système de production plus respectueux de l’environnement et pour une alimentation plus saine. Monsieur Semdé relève 18 pratiques agroécologiques pour lutter contre l’érosion des terres et améliorer la gestion des eaux de surface. Il s’agit entre autres du Zaï, bandes enherbées, bassins de collecte d’eau de ruissellement, cordon pierreux, demi-lune, scarifiage à sec du sol, diguettes antiérosives filtrantes.

Le chercheur Romaric Nanema de l’Université Joseph ki Zerbo exposant sur les plantes négligées.

Pour améliorer la fertilité des sols et les rendements des cultures, le biochar, les fertilisants ECOSAN, le compost plus, le compostage en tas ou aérobie, compostage en fosse fumière, compostage bokashi. Les pratiques agroécologiques pour promouvoir l’agroforesterie et l’association culturale, l’on peut citer les brise-vents, les haies vives, association culturale et la régénération naturelle assistée.

Les pratiques agroécologiques pour le contrôle des ennemis des cultures et ravageurs, plus de 15 techniques ont été énumérées. Entre autres, il y a le traitement phytosanitaire à base de la poudre de Neem, de l’huile de Neem, tourteau de Neem, feuille de Neem, extrait aqueux de tabac, bouillon de cendre, les microorganismes efficaces.
Pour la gestion et la conservation des semences et récoltés, l’enrobage des semences des céréales par la bouse de vache associée à du miel ou sucre est une solution contre les ravageurs. La poudre des graines ou l’huile de Neem tourteau permet de conserver les récoltes. Utilisation des roudou pour la conservation des bulbes d’oignons est une autre technique.

Avoir des stratégies et mécanismes pour une synergie entre recherche et acteurs terrain afin de faciliter la transition agroécologique sont souhaitées. Une doléance qui trouve un début de réponse avec le chercheur de l’Université Joseph ki Zerbo, Romaric Nanema. Il a fait une communication sur les plantes négligées. Capitaliser les espèces rares, promouvoir la chaîne de valeur des espèces négligées, accès, sélection, multiplication et distribution des semences des plantes négligées sont autant d’action que mettent en œuvre les chercheurs au profit des acteurs.

Agroécologie
Des travaux de groupe pour réfléchir sur les défis de l’agroécologie

Parmi les plantes négligées, il y a le voundzou, le bissap, le moringa. Le chercheur informe qu’un projet est entrain de travailler sur 15 espèces négligées. À la conclusion des travaux, celles qui résistent au stress seront retenues au profit des producteurs.

Des Travaux de groupes ont été faits. Les thèmes sont l’ identification des outils de collecte et de partage de données utilisés par les participants (acteurs) pour la conduite des recherches participatives, identification des lacunes dans les connaissances (recherches) qui limitent le progrès de la transition vers l’Agro-Ecologie, Identification des actions et proposition d’une approche impliquant une contribution des acteurs à la collecte des données/informations et au partage des connaissances.

Clarisse Diasso, présidente de l’ANSD, est satisfaite des travaux

À la sortie de l’atelier , la présidente de l’association nourrir sans détruire ( ANSD), Clarisse Diasso félicite la qualité des échanges. À l’entendre , un comité est mis en place pour continuer les travaux afin d’aboutir à la rédaction d’un document final. Elle invite les décideurs politiques à considérer l’agroécologie comme le moyen sûr pour atteindre la souveraineté et la sécurité alimentaire.

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