Situation alimentaire et nutritionnelle : 52% des ménages agricoles n’arriveront pas à couvrir les besoins céréaliers avec leur propre production, selon le CPSA
Réunis à Ouagadougou les 28 et 29 mars 2022, à Ouagadougou, les membres du comité de Prévision de la Situation Alimentaire et nutritionnelle (CPSA), ont validé les résultats prévisionnels de la campagne agricole 2021-2022. Selon le rapport, livré par le CPSA, la production est en baisse et les prix des produits agricoles sont en hausse.
19 provinces sont déclarées déficitaires et 52% des ménages agricoles n’arriveront pas à couvrir les besoins céréaliers avec leur propre production et devront donc faire recours au marché pour combler leur déficite. Des chiffres donnés par le Comité de Prévision de la Situation Alimentaire et nutritionnelle (CPSA), après examen des résultats de la campagne agricole 2021-2022.
Avec une production céréalière définitive, estimée à 4 661 140 tonnes, le Burkina Faso enregistre une baisse de 10% par rapport à la campagne passée. Ainsi, le pays enregistre un déficit brut le plus profond des cinq dernières années, soit 539 364 tonnes.
En prenant en compte le solde import-export, l’excédent net se situerait à 86 511 tonnes, soit un disponible apparent de 211 kg/hbt/an, indique le CPSA. Il note également des disparités existant entre les provinces et entre les ménages agricoles. Et de poursuivre qu’en prenant en compte tous les produits végétaux et animaux disponibles, la disponibilité énergétique alimentaire par personne et par jour se situerait à 2 548 Kcal.
Baisse de production, hausse des prix des produits agricoles
Les prix moyens des produits agricoles sont en hausse par rapport à l’année passée à la même période et à la moyenne quinquennale, selon le rapport du comité de Prévision de la Situation Alimentaire et nutritionnelle (CPSA).
Le CPSA indique également que le prix du maïs est en hausse de 51% et 39% respectivement par rapport à la moyenne quinquennale et à la même période de l’année passée. En ce qui concerne le sorgho et le mil, la hausse des prix est de 43% et 33% respectivement par rapport à la moyenne quinquennale et l’année passée à la même période.
Pour le prix du niébé des hausses de 49% et 38% sont observées respectivement par rapport à la moyenne quinquennale et à l’année passée à la même période.
Une hausse des prix des petits ruminants
Selon le rapport du CSA, sur les marchés à bétail, les prix des petits ruminants ont connu une hausse par rapport à l’année passée à la même période. Pour le taureau, on enregistre une variation annuelle allant de 23 à 40% sur les marchés de Yilou et Guelwongo et une variation quinquennale de 34 à 37%.
Pour le bélier, le CPSA note une variation annuelle de 33 à 44% sur les marchés de Guelwongo et To et une variation quinquennale de 38 à 62% . Le prix du bouc connais une variation annuelle de 18 à 30% sur les marchés de Guelwongo et Ouaga-Tanghin et une variation quinquennale allant de 39 à 79%.
Une baisse des rendements céréaliers malgré l’augmentation des superficies emblavées
Selon le résultats du CPSA, les superficies céréalières emblavées cette année connaissent une hausse de 3,63% par rapport à la campagne précédente. Une augmentation qui s’explique par le fait que nombreux producteurs ont opté pour la production de céréales. Malgré tout, la production céréalière définitive, estimée à 4 661 140 tonnes, enregistre une baisse de 10% par rapport à la campagne passée. Celle des cultures de rentes, de 1 451 144 tonnes soit est en baisse de 19,54% par rapport à la campagne passée et celle des autres cultures vivrières est de 693 458 tonnes soit en baisse de 28,36% par rapport à la campagne passée.
Pour le CPSA, cette baisse de production serait due aux chocs climatiques (longues séquences sèches, inondations, etc.) occasionnant une baisse généralisée des rendements d’une part et d’autre part des pertes et abandons de superficies liées à l’insécurité.
Des recommandations
Pour pallier le déficit les membres du comité ont formulé les recommandations suivantes. Il demande notamment à l’Etat d’aider les éleveurs avec des noyaux reproducteurs pour reconstituer leur cheptel, de diligenter une étude pour évaluer les autres utilisations des céréales en dehors de la consommation humaine directe, de développer un mécanisme spécifique de suivi-évaluation de la situation alimentaire et nutritionnelle dans les zones inaccessibles, de mettre en place des boutiques de vente d’aliments bétail dans les communes notamment celles marquées par un déficit fourrager.
Le CPSA recommande également au ministère de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire et ses partenaires d’apporter une assistance humanitaire immédiate aux populations vulnérables identifiées, notamment dans les provinces en situation de crise en particulier dans les zones impactées par l’insécurité.