Reboisements au Burkina : Allons au-delà du folklore

Chaque année, la période de juillet-août est choisie pour des campagnes de reforestation au Burkina Faso. Une chose salutaire, car c’est la meilleure façon de sauver notre univers. Toutefois, si l’acte est salutaire, la manière est à revoir.

De Frank Pougbila

Les idées et les politiques de reboisement sont assez au Burkina Faso. Sous l’ère Thomas Sankara, les plantations étaient devenues une obligation. Sankara avait demandé l’installation de pépinières dans tous les villages du Burkina et la plantation d’un arbre lors de chaque cérémonie familiale.

Ainsi, chaque famille, chaque service, chaque village était invité à planter des arbres. De même lors des évènements heureux comme le baptême, le mariage, la remise de lettre de créance par un diplomate sont précédés d’une plantation. La ceinture verte était tracée depuis le Sahel.

Sous l’ère Blaise Compaoré, en 1994, le projet « 8000 villages, 8000 forêts » était instauré. Un travail de reboisement de 240 km 2 de terrain pour que chacun des 8 000 villages du Burkina Faso ait une forêt. En 2012, l’instruction était donnée à chaque ministère de mettre en terre au moins 1000 arbres.

Une décision ferme. Le ministre qui ne le fait pas était privé de ses vacances. Pour le gouvernement d’alors, il était inquiétant car chaque département détruisait l’environnement soit pour la construction des routes, des bâtiments ou pour la pause des pavés. C’était dans le cadre de l’initiative « Un ministère et une institution, un bosquet », une suite de l’opération « un village, un bosquet». Des projets qui entrent en droite ligne du projet «Plantons utile».

Sous la transition de 2015, le concept a évolué. C’est devenu «Une commune, une forêt pour lutter contre la désertification ». Plus de 10 millions 500 mille plants ont été mis en terre par le gouvernement de Yacouba Isaac Zida.

Puis arrive l’ère Roch Kaboré . Depuis 2017, la journée nationale de l’arbre est instaurée. Chaque année, des millions d’arbres sont enterrés. Une cérémonie officielle est organisée et le Président du Faso, lui-même, met en terre un plant. Il invite par la suite ses compatriotes à faire autant.

Mais depuis la révolution sankariste jusqu’à nos jours, qu’est-ce qui empêche le Burkina Faso d’être un pays vert ? Pourquoi, le pays est toujours désertique ? Ces plantations sont-elles du folklore ou une réelle volonté de préserver l’environnement ?

Il est temps que les autorités se penchent sur ces questions. Il faut des temps de réflexion pour faire le bilan de toutes ces décennies de plantation et projeter d’autres stratégies. À défaut, l’on gaspille les ressources inutilement. Les cérémonies sont coûteuses.

Le déplacement des populations pour faire les plantations est coûteux. L’impact environnemental est aussi présent. Si l’on creuse un trou pour planter un arbre, si l’arbre ne survit pas, le trou reste présent. Ce trou pourrait par la suite devenir un bas-fonds.

Un diagnostic sans complaisance est impératif pour faire barrière à l’avancée du désert.

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