Promotion de l’agroécologie : un projet d’accompagnement de plus de 7000 producteurs lancé

Le Programme mondial pour les petits producteurs agroécologiques et la transformation durable des systèmes alimentaires dénommé (GP-SAEP Burkina) est lancé, le vendredi 15 décembre 2023 à Ouagadougou.

Les autorités ont lancé le Programme GP-SAEP

✍️ Frank Pougbila 

D’une durée de 2 ans et demi, le Programme mondial pour les petits producteurs agroécologiques et la transformation durable des systèmes alimentaires dénommé (GP-SAEP Burkina) est élaboré par le FIDA avec l’appui de la Commission européenne et la Coopération belge au développement.

Financé à plus de 1 milliard de francs CFA, la région du Centre Ouest est bénéficiaire de ce projet. Il est mis en œuvre par un consortium de huits membres à savoir ARFA, APIL, Association le Baobab, Bioprotect, Ceas Burkina, CNABio, IRSAT et Yolse Tuuma et Autre Terre. Avec pour lead Autre Terre, ces organisations vont couvrir 16 communes du Centre ouest.

Les objectifs sont l’augmentation de l’offre en qualité et en quantité de bio-intrants (biofertilisants, biopesticides), l’introduction des légumineuses et des plantes fertilitaires dans les exploitations familiales. Et aussi de mettre à disposition des équipements agricoles adaptés pour réduire la pénibilité et le temps de travail au niveau des exploitations familiales et renforcer les capacités des acteurs de l’agroécologie et l’agriculture biologique.

Lançant le projet, le Secrétaire général du ministère chargé de l’Agriculture, Gaoussou Sanou, fait savoir que le GP-SAEP Burkina, à terme, va accompagner 12 micros, petites et moyennes entreprises et 25 sociétés coopératives dans la région du Centre Ouest. Au total, 7200 exploitants dont 2.850 femmes, 4000 jeunes, et 350 PDI vont bénéficier des actions du projet.

Selon le Secrétaire général, le programme permettra d’améliorer l’offre en matériel agricole adapté, en biofertilisants, en semences paysannes et en plants fertilitaires pour soutenir la transition agroécologique auprès des exploitations familiales.

« Je voudrais rappeler que la crise russo-ukrainienne qui a occasionné la flambée des prix des engrais minéraux doit nous interpeller afin d’explorer d’autres pistes de solutions endogènes dont le développement des biointrants», se remémore-t-il.

Le SG du ministère chargé de l’Agriculture, Gaoussou Sanou exhorte les acteurs au travail pour se bons résultats

Pour cela, il exhorte le consortium et l’ONG Autre Terre à travailler en symbiose sur le terrain avec tous les acteurs pour l’atteinte des résultats de ce projet. Monsieur Sanou invite les autres ONG à emboîter le pas pour le bonheur des populations.

Il engage les autorités régionales, provinciales, communales, les ONG ainsi que les services techniques en charge du secteur rural de la Centre-Ouest à s’investir pour une mise en œuvre réussie du projet. « Je voudrais interpeller les acteurs de la recherche à jouer leur partition pour accompagner les fabricants en vue d’une production de bio intrants de bonne qualité», incite le Secrétaire général.

Gaoussou Sanou informe qu’un nouvel accord de financement a été signé le 11 octobre 2023 entre le FIDA et l’Etat burkinabè pour renforcer la résilience des petits producteurs agricoles burkinabè aux changements climatiques. Le montant de cet accord est de 107 millions d’euros, soit 70 milliards de F CFA. «Ce projet va contribuer à renforcer la résilience de 109.000 personnes en milieu rural dont 45% de femmes et 50% de jeunes sur une durée de 8 ans», dit-il.

Le Représentant pays de Autre Terre, Christian Legay fait savoir que ce projet intervient dans un moment où l’agriculture au Burkina Faso est confrontée au défi de la croissance démographique, du changement climatique et de la dégradation des eau, sol, forêts. Et la volonté des acteurs de changer de paradigme a conduit à la mise en place d’une Stratégie nationale de développement de l’agroécologie 2023-2027 adoptée en février 2023.

Le Représentant pays de Autre Terre, Christian Legay rassure quant l’engagement du consortium pour l’atteinte des objectifs.

À travers ce projet, fait comprendre monsieur Legay, il s’agit de relever le défi de la production des instants naturels en qualité et en quantité pour une meilleure fertilisation des sols dans une époque où les producteurs utilisaient des produits chimiques.

Comme stratégie, le Représentant pays de Autre Terre, confie que le consortium est composé de plusieurs organisations qui ont des expériences avérées. Et ces structures vont chacune travailler dans son domaine afin de donner des résultats souhaités. « L’atteinte des objectifs des activités agroécologiques du GP-SAEP va favoriser la mise à l’échelle dans le projet de Renforcement de la résilience des petits producteurs (RESI-2P) dans les régions du Centre ouest et du Nord de 2024 à 2031.

Le choix du Centre ouest pour la mise en œuvre du programme se justifie par les indicateurs liés à la pauvreté, l’insécurité, la malnutrition. Mais, aussi, parce que le FIDA intervient dans le Centre ouest et le Nord du Burkina Faso.

La Directrice pays du FIDA au Burkina Faso, Ann Turinayo salue les acteurs de l’agroécologie du pays des Hommes. À l’entendre, le Burkina est l’un des pays ayant une stratégie nationale de développement de l’agroécologie. Chose qui va faciliter la mise en œuvre du GP-SAEP.

La Directrice pays de FIDA, Ann Turinayo confirme la disponibilité de sa structure à accompagner le Burkina dans la mise en œuvre de l’agroécologie

 Le projet est structuré autour de quatre composantes à savoir l’amélioration de l’accès aux intrants pour la production agroécologique, l’augmentation de la valeur ajoutée et des marchés pour les produits agroécologiques, l’amélioration des services de conseil rural et l’amélioration des outils d’analyse économique et financière des investissements. Elle ajoute que le Programme est mis en œuvre en Afrique et en Amérique latine et Caraïbes.

Le Gouverneur du Centre ouest, Boubakar Traoré, au nom des bénéficiaires, a remercié FIDA et les acteurs du consortium. Il rassure de l’engagement des autorités régionales à accompagner les activités du projet.

Le Gouverneur du Centre ouest, Boubakar Traoré (à  gauche) engage les acteurs de la région au travail

 Pour lui, ce programme va créér des emplois pour les populations de la région, contribuer à restaurer les terres et propulser la production agricole au Burkina Faso. Il invite les acteurs a adopté l’agroécologie pour inverser la tendance qui est l’utilisation des engrais chimiques de synthèse.

Parlant de l’agroécologie, le Président du CNABio, Abdoulaye Ouédraogo a présenté son organisation. Composé de 101 membres dont des ONG nationales et internationales, des associations locales, des organisations paysannes, des entreprises, des personnes ressources, le CNABio, par ses activités, vise plusieurs objectifs.

Le président du CNABio, Abdoulaye Ouédraogo souligne que le Burkina a la capacité de production des intrants bio

Il s’agit entre autre de créer un cadre d’échanges et de concertation entre tous les acteurs de l’agriculture biologique et écologique au Burkina, améliorer la communication et la liaison entre les divers acteurs du domaine, contribuer au développement des technologies et au renforcement des capacités des acteurs de l’agriculture biologique et écologique au Burkina et faire connaître les avantages de l’agriculture biologique et écologique aux producteurs, aux transformateurs, exportateurs, consommateurs, au grand public, aux décideurs, ainsi qu’aux agences de financement en vue de susciter un véritable soutien à la promotion de l’agriculture biologique et écologique.

A ce jour, le président du CNABio note plusieurs acquis engrangés par la faîtière dans ses différents domaines d’interventions. Pour ce qui est des actions plaidoyers, en 2015, un point focal agroécologie a été désigné par la Direction Générale de la Protection des Végétaux, la prise en compte de l’agroécologie dans certains textes stratégiques qui portent sur les questions agricoles au niveau national, septembre cadres de concertations régionaux sont mis en place à l’intérieur des régions du Burkina, en 2022, un cadre de concertation portant sur la thématique principale des Bio-intrants a été mis en place pour justement booster la production des Bio-intrants dans les régions du Burkina Faso.

Des biointrants exposés

L’état des lieux de l’agroécologie au Burkina Faso a été fait par l’expert en agroécologie, Dr Cédric Kambiré de l’IRSAT. Il note un engagement des acteurs et une potentialité pour la mise à échelle nationale de cette pratique agricole respectueuse de l’environnement et la santé humaine. Deux capsules vidéos montrant les actions du FIDA au Burkina Faso et la production des engrais organiques ont été projetées.

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