Promotion de l’agroécologie : Le CNABio réfléchit sur l’homologation des bio-intrants

Le Conseil National de l’Agriculture Biologique (CNABio) renforce la place de l’agroécologie dans les stratégies nationales agricoles du Burkina Faso. Dans cette dynamique, il a organisé un atelier de réflexion sur l’homologation des intrants organiques pour une agriculture durable et saine. Les travaux se tiennent du mercredi 13 au vendredi 15 décembre 2023 à Koudougou, dans le Centre ouest. 

✍️ Frank Pougbila

Durant trois jours, producteurs, experts, autorités et partenaires vont réfléchir sur le processus d’homologation des intrants naturels au Burkina Faso. Cette initiative du Conseil national de l’agriculture biologique ( CNABio) a débuté, le 13 décembre 2023 à Koudougou.

À l’ouverture des travaux, Adama Savadogo, Correspondant national agroecologie au ministère en charge de Agriculture, interpelle l’adoption d’une agriculture respectueuse de l’environnement au regard de la dégradation accélérée des sols. D’où l’importance de trouver des solutions. « les pesticides naturels et les engrais organiques sont l’alternative», confie l’expert.

Le Correspondant national Agroécologie, Adama Savadogo ( au milieu) invite les producteurs à miser sur la qualité.

Mais, ce n’est pas n’importe quel biointrant. Ce sont des biointrants homologués. Ces biointrants doivent être de qualité et reconnus sur le plan national et international. « une fois homologués, ces biointrants seront efficaces et permettront de booster notre production », ajoute monsieur Savadogo.

Le Correspondant national note que le besoin en intrants agricoles est présent. Il invite les producteurs à trousser les manches. « Changez de paradigme de production. Exploitez les potentialités endogènes pour booster la production en adoptant les engrais organiques et les biointrants», invite-t-il.

Il exhorte à un changement de stratégies. Il rassure que le Burkina Faso est capable de produire 50 milles tonnes d’engrais organiques, 30 mille tonnes d’engrais liquides. « Nous avons des herbes, des feuilles mortes, du fumier en quantité pour la fabrication de biointrants. Les engrais chimiques polluent l’eau, la santé des terres, l’environnement et la santé humaine», a dénoncé Adama Savadogo.

L’expert renchérit que la crise Ukrainienne a montré qu’il faut se baser sur nos potentialités car les prix des engrais chimiques ont augmenté. Puis, il poursuit que la recherche est développée et prête à accompagner pour la production des engrais bio.

Les participants feront des propositions pour l’atteinte des objectifs

La coordinatrice du CNABio, Clémentine Lankouandé, informe qu’au Burkina Faso, les biointrants ne sont toujours pas homologués. Pourtant le pays a adopté une stratégie nationale de l’agroécologie et les biointrants sont au cœur pour atteindre les objectifs. C’est pourquoi sa structure attend travailler à la reconnaissance de la qualité des engrais organiques. Sur le terrain, il y a une trentaine de structures qui œuvrent pour la production, selon la Coordonnatrice.

Mais, la disponibilité, la qualité causent problème. Ainsi, les trois jours d’échanges vont permettre aux acteurs d’être compétitifs et pouvoir répondre aux normes. « Pour faire la commande publique, ce sont des appels d’offres ouvert. L’une des difficultés est que nos produits organiques n’ont pas de prescription technique demandée. Le ministère ainsi que des experts vont outiller les participants », explique madame Lankouandé.

La Coordonnatrice du CNABio, Clémentine Lankouandé ( en haut) rassure que le Burkina a le potentiel de production des biointrants

C’est une manière pour le Burkina d’aller vers la souveraineté alimentaire en produisant ses propres intrants naturels, foi de la Coordonnatrice du CNABio. Elle définit l’agroécologie comme cette agriculture soucieuse de l’environnement, la santé des êtres vivants et tout l’écosystème.

Seydou Sawadogo, représentant des acteurs des biointrants, demande un accompagnement des autorités. Raison ? Parce que les acteurs de production des intrants bio sont regroupés au sein de la Société coopérative simplifiée des fabricants et fournisseurs d’intrants et de matériels agroécologiques ( Scoops FFIMA), forte d’une trentaine de membres. « Nous sommes dans la dynamique de la qualité. C’est ainsi que nous avons un cabinet pour l’expertise avant que les intrants ne partent sur le terrain», confie monsieur Sawadogo.

Revenant sur la capacité de production, il fait savoir que lors du lancement de l’initiative présidentielle de production agricole en 2023, la coopérative a fourni trois mille tonnes d’engrais organiques. Avec espoir, le producteur souhaite qu’il soit demandé à sa coopérative de produire une grande capacité d’engrais naturels lors de l’offensive de l’initiative présidentielle.

« le processus d’homologation vient nous donner la part belle pour mieux s’exprimer. Les gens sauront qu’on peut produire des engrais organiques de qualité et en quantité au Burkina Faso, s’il y a l’accompagnement de l’État », argue Seydou Sawadogo.

Des communications ont meublé la première journée. Parmi eux des experts du Comité Sahéliens des pesticides, ECOCERT et le Projet d’agriculture contractuelle et transition écologique (PACTE).

L’expert en développement rural, Dr Mathias Pouya a fait l’état des lieux des biointrants au Burkina Faso. Les caractéristiques des engrais organiques donnent comme résultats 47 fertilisants organiques solides, 23 engrais organiques liquides, un hydro-retenteur fertilisant activateur et 18 pesticides phytosanitaires naturels. « plus de 75% des producteurs déclarent lors de l’étude que leurs biointrants n’ont pas suivi un processus d’homologation », laisse entendre l’Expert.

Dr Mathias Pouya a fait l’état des lieux des biointrants au Burkina

Il note que la production des engrais organiques est surtout concentrée dans les régions du Centre, des Hauts-Bassins et du Centre-nord. L’autoproduction d’engrais organiques est estimée à environ près de 3 millions de tonnes. « la demande nationale en intrants organiques notamment les fertilisants organiques solides est de 3 408 537 tonnes», a exposé monsieur Pouya.

La menace que rencontre les intrants naturels est l’inondation des marchés illicite d’engrais organiques, la subvention selective des engrais chimiques, pression des lobbies des industries chimiques.

Partenaires du CNABio comme Autre Terre, Ceas Suisse, 3AO ont pris part à l’atelier en présentiel et le partenaire financier  biovision était en ligne.

www.infonature.net