Projet « Accélérer la transition mondiale vers une agriculture durable – IKEA » : c’est l’heure du bilan  

Après un an de mise en œuvre du projet « Accélérer la transition mondiale vers une agriculture durable – IKEA », l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dresse le bilan de ses actions.

Les participants du Burkina Faso lors du dialogue régional à Ouagadougou

✍️ Frank Pougbila 

Un an maintenant que le projet « Accélérer la transition mondiale vers une agriculture durable – IKEA » est mis en œuvre. Son objectif global est de briser la relation négative entre des formes d’intensification agricole qui dégradent les terres et la biodiversité. Il ambitionne de faire de la santé des terres une partie intégrante de l’agriculture durable, à travers la promotion des solutions fondées sur la nature (SfN). Il contribue ainsi à l’accélération de l’intégration de la santé des terres dans l’agriculture durable, en tant que solution fondée sur la nature contre l’insécurité alimentaire et hydrique et au changement climatique.

Il s’appuie sur la valeur ajoutée clé de l’UICN qui réside dans sa capacité à rassembler les acteurs, consolider leurs contributions et influencer les principaux processus politiques nationaux et supranationaux. Il attend aussi développer et fournir les preuves scientifiques des multiples avantages de l’agriculture durable grâce à la conception et à l’application d’outils de suivi pour la gestion durable des paysages agricoles. Et de même, soutenir le développement d’un portefeuille de projets agroécologiques durables qui incluent l’utilisation des outils de suivi, en se concentrant en particulier sur l’innovation de mécanismes de financement mixte impliquant des partenariats public-privés.

Mis en œuvre dans six pays au monde à savoir Inde, Vietnam, Tanzanie, Rwanda, Guatemala et Burkina Faso, il est financé à près de 109 millions de francs CFA (soit 166 533 Euros) par la Fondation IKEA. Au Burkina, le projet a été lancé le 6 décembre 2022 à Manga. Il intervient dans les régions du Centre-Est et du Centre-Sud pour construire une base solide pour l’intégration des solutions fondées sur la nature dans les politiques et pratiques agricoles au profit des agriculteurs/agricultrices du Burkina Faso. Les bénéficiaires du projet sont les acteurs et actrices des secteurs de l’agriculture et de la conservation de la biodiversité.

Etude de cas sur l’agriculture durable

 Au bilan, c’est une satisfaction. Au nombre des actions, la conduite des études de cas sur les résultats du projet Terres d’Opportunités au Sahel (LOGMe) au Burkina Faso et la formulation de note de concepts pour une mise à l’échelle d’une Agriculture Durable afin de valoriser des bonnes pratiques agroécologiques. La volonté est d’accélérer l’action visant à intégrer la santé des terres dans l’agriculture durable, en tant que Solution fondée sur la Nature (SfN).

 Pour la restitution des résultats des travaux, un atelier est organisé à Manga dans le Centre Sud, le mercredi 6 et jeudi 7 septembre 2023. Selon le chargé du projet, Germain Goungounga, malgré le contexte sécuritaire difficile au Burkina Faso, le projet LOGMe a pu s’engager vers des résultats concrets. On peut constater que la plupart des actions entreprises peuvent être considérées comme répondant à l’agriculture durable selon les critères SfN de l’UICN.

Une vue d’une fourmilière sur la terre. C’est un indice de bonne santé des terres

Des actions orientées vers des réponses efficaces aux défis de la société à savoir le traitement prioritaire des défis sociétaux les plus urgents pour les titulaires de droits et les bénéficiaires, pour leur bien-être en alimentation, santé, éducation, équité, qualité de vie, information. A ce niveau, il y a deux échelles. La reconnaissance et l’intégration des interactions entre l’économie, la société et les écosystèmes et l’échelle de l’interaction économie-société-écosystèmes, synergie avec d’autres secteurs, gestions des risques locaux.

L’autre critère pour l’agriculture durable est l’avantage net à la biodiversité et à l’intégrité de l’écosystème. À ce niveau, il y a une réponse à une évaluation factuelle de l’état actuel de l’écosystème et des principaux facteurs de dégradation et de perte pertinence des choix de SfN, enregistrement des résultats et autres effets, suivi-évaluation périodique, perspectives d’amélioration des écosystèmes. Aussi, il y a des résultats clairs et mesurables en matière de conservation de la biodiversité identifiées, comparés et régulièrement évalués.

Le consultant principal dans le cadre de l’étude, Pr Aimé Nianogo rapporte qu’en réponse aux nombreux défis actuels des systèmes de production agricole, les paysans se montrent ouverts à une démarche visant à rendre leurs pratiques agricoles plus durables. Il rassure que les actions de LOGMe dans le domaine agricole s’alignent sur les critères SfN propres à l’agriculture durable telle que définie par l’UICN.

Note conceptuelle

Pour ce qui est de la note des concepts, il s’agit de la restauration des paysages agraires et promotion des pratiques agro-sylvo-pastorales durables du Burkina Faso (RPASP). Le projet ambitionne d’améliorer les moyens d’existence des communautés en s’adressant aux causes de la dégradation des écosystèmes naturels et agrosylvopastoraux et de la faiblesse de la productivité et des revenus.

Les activités, comme l’agriculture, l’élevage, la cueillette, la transformation des produits forestiers non ligneux, le commerce, conduites par les paysans doivent leur permettre de couvrir leurs besoins vitaux notamment l’habitat, l’alimentation, la nutrition, la santé, l’éducation, la formation, l’habillement.  Elles doivent également leur permettre d’améliorer ou de renforcer leur statut socio-économique, notamment à travers un niveau de revenu plus élevé, un capital de savoir et de savoir-faire et un capital naturel (ressources productives présentes sur leurs terres) plus conséquents.

Dialogue entre conservateurs et agriculteurs

Une autre étape du projet est le dialogue national conduit au Burkina Faso le 7 juin 2023, et simultanément au Ghana et au Niger les 25 et 26 novembre 2023, et celui supra-national les 30 novembre et 1er Décembre 2023 à Ouagadougou des acteurs de la Conservation et ceux de l’Agriculture pour un consensus sur l’agriculture durable en lien avec les solutions fondées sur nature.

L’atelier a démontré aussi comment l’amélioration de la santé des terres génère indirectement des avantages sociétaux plus larges. Les producteurs et les conservateurs, à travers deux approches à savoir, le cercle Socratique et la méthode Delphi ont menés des échanges très fructueux et enrichissants qui ont permis d’aboutir à un consensus.

Des rejets de dejection de vers de terre , un autre indice de bonne santé des terres

Aussi, que les solutions fondées sur la nature stimulent la biodiversité dans les exploitations, conservent la biodiversité hors exploitation dans les paysages agricoles et protègent contre la perte d’habitat en maintenant la viabilité et la productivité à long terme des terres existantes.

Ces dialogues a permis aux participants d’aller vers un terrain commun afin d’identifier les points de consensus pour faire progresser l’agriculture dans l’espace Burkina Faso, Ghana et Niger.  Grace au communiqué final, un appel a été lancé pour l’amélioration de la santé des sols par le biais de l’agriculture durable afin d’améliorer la santé des plantes et la santé et le bien-être de l’homme.

Une invite à aspirer à ce que l’agriculture durable améliore les moyens de subsistance des agriculteurs, en rendant la production plus résiliente et en améliorant les revenus par la stabilisation des rendements à long terme et la réduction des intrants coûteux.

Le Chargé du projet, Germain Goungounga en décembre 2023

Dans la plupart des pays, la politique agricole continue de récompenser les pratiques non durables. Le paradigme dominant du développement agricole du siècle dernier s’est maximisé sur les engrais chimiques, les pesticides, la mécanisation, les semences et les races améliorées, et l’irrigation.

Pour l’UICN, ce paradigme ignore la dépendance de l’agriculture à l’égard des sols et des écosystèmes et, par conséquent, a appauvri la fertilité des sols, dégradé leur biodiversité et compromis la résilience et la viabilité à long terme de l’agriculture.

Le Chef de Programme de l’UICN, Dr Jacques Somda fait savoir que le manque d’attention portée à la perte de biodiversité dans les agro-écosystèmes est une conséquence de la définition du problème public lié à l’agriculture.

Renforcement des capacités

La dernière étape a consisté au renforcement des capacités des groupes de parties prenantes sur les indicateurs de santé des terres et sur l’utilisation de l’outil d’évaluation de santé des terres. L’objectif global étant de renforcer les capacités des groupes de parties prenantes sur les indicateurs de santé des terres et sur l’utilisation de l’outil d’évaluation de santé des terres. Spécifiquement, il sait ’agi de doter les acteurs de la conservation de la biodiversité et de l’agriculture, d’un ensemble d’indicateurs et d’un outil leur permettant d’évaluer la biodiversité dans les paysages agricoles et d’en assurer le suivi pour une transition effective vers l’agriculture durable.

Chose faite. Les 6 et 7 décembre 2023, un atelier s’est tenu à Manga , Centre Sud, pour cette formation.  L’UICN a doté les acteurs de la conservation de la biodiversité et de l’agriculture un ensemble d’indicateurs et d’un outil leur permettant d’évaluer la biodiversité dans les paysages agricoles et d’en assurer le suivi pour une transition effective vers l’agriculture durable.

À la conclusion des travaux, les acteurs de la conversation et de l’agriculture se sont accordés sur un ensemble minimal d’indicateurs de la santé des terres, et l’outil de suivi-évaluation des indicateurs de la santé des terres et est amélioré avec des connaissances endogènes des agriculteurs.

Le Chargé du projet, Germain Goungounga sur le terrain

Selon le Chargé de Projet , Germain Goungounga, certains comportements de producteurs sont préjudiciables à la survie des éléments de la biodiversité du sol notamment les vers de terres, les fourmis, les termites, mais aussi la biodiversité au-dessus du sol comme par exemple les abeilles, les papillons , etc.

Cette la perte de la biodiversité a pour conséquences sont une baisse de la productivité des terres, une augmentation de l’appauvrissement des communautés rurales, de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition, des migrations, l’accroissement des risques de tension et de conflits sociaux, compromettant ainsi la paix et la sécurité.

« Pour accélérer la transition mondiale vers l’agriculture durable, l’initiative agriculture et santé des terres lancé par l’UICN en 2021 est une voie allant vers de solution naturelle à l’insécurité alimentaire et hydrique, au changement climatique et à d’autres défis sociétaux ».

📞Adresses du Chargé du Projet, Germain Goungounga

Tel: 70018082

Mail : germain.goungounga@gmail.com

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