Jardin agro-écologique du collège de Bassem Yam : le plan B des élèves

Parmi les écoles modèles, il faut compter le collège de Bassemyam (localité située dans la province, région du Centre, à une quinzaine de kilomètre de Ouagadougou). Dans ce temple du savoir, des cours d’enseignement général sont dispensés aux élèves mais aussi des séances pratiques en maraîchage.  Une équipe de www.infonature.net a fait une immersion dans le jardin de l’école pour constater la production des collégiens.

De Emmanuel G. Gouba

Mercredi 17 novembre 2021 au collège de Bassemyam. Alors que la fraîcheur de l’aube n’avait pas encore dit son dernier mot, des dizaines d’élèves sont dans leur jardin scolaire. Un jardin clôturé d’un grillage et qui s’étend sur une surface de moins d’un terrain de football. Du côté sud du jardin, se dresse un château d’eau, alimenté par des panneaux solaires, qui sert de réserve d’eau pour l’irrigation. La laitue presqu’à terme, aidée par le piment, confère un air romantique au jardin.  En plus, quelques pieds d’arbres de papayer, de moringa sont parsemés dans le jardin.

A l’aide de quelques récipients, ces élèves donnent vie avec enthousiasme à ces pieds de légumes au feuillage verdâtre. En effet, ils prennent l’eau d’un robinet fixé à la porte du jardin qu’ils transportent au niveau de chaque planche. Une tâche pas facile mais exécutée avec plaisir par les élèves.

Tassembedo Raicha est élève en classe de 4e . Elle trouve de la joie à arroser leurs plantes. « Je viens arroser le jardin tôt le matin avant de rejoindre ma classe », a-t-elle expliqué. Abibou Zoungrana, élève en classe de 4e ,vêtue de sa tenue scolaire, s’adonne aussi au même exercice.

Elle espère récolter en temps opportun les fruits de son travail. Comme avantage direct du jardinage, la jeune fille évoque une amélioration nette de la cantine scolaire car, dit-elle , « la sauce est plus délicieuse s’il y a des condiments».

Le jardin bio, une école dans un collège

Pour la vie scolaire du collège, ce jardin est une autre école pour les élèves. Étienne Koalga, enseignant d’anglais au collège de Bassem Yam, explique que c’est un projet de l’école. Il s’agit de faire de la production bio.

« Nous l’avons commencé depuis l’année dernière et l’idée c’est d’amener naturellement les élèves à apprendre les métiers de la terre. Il faut également que les élèves comprennent que l’objectif de l’école ce n’est pas  seulement pour rester dans les bureaux », a-t-il déclaré.

Pour ce faire, les petits plats sont mis dans les grands pour que les élèves aient de bonnes connaissances dans toute la chaîne de production. «Nous utilisons des bio pesticide. Cela permet aux élèves d’apprendre à faire la production du bio », a-t-il indiqué.

Pour Mathieu Tapsoba, président de l’Association des parents d’élèves  (APE) du collège de Bassemyam, le jardin scolaire facilite l’autonomisation des élèves. Il explique que les élèves qui ont acquis des connaissances en jardinage ne vont pas rester les bras croisés à ne rien faire après l’obtention de leurs diplômes. « Ils peuvent déjà faire le jardinage pour survenir à leurs besoins avant que Dieu leurs donne du travail dans la fonction publique », fait-il savoir.

Germaine Parkouda, enseignante de Sciences de la vie et de la terre se réjouit de ce jardin école

Germaine Parkouda, enseignante de Sciences de la vie et de la terre (SVT), ne cache pas sa joie d’avoir un jardin scolaire dans son école.   En tant qu’enseignante des sciences, elle affirme que ce jardin permet aux élèves de faire un lien entre ce qu’ils voient en classe et la pratique sur le terrain. Elle se réjouit également de la motivation des élèves à entretenir le jardin. « En tous les cas, les élèves sont motivés pour le jardinage. Cela nous facilite la tâche », a-t-elle déclaré.

Le jardin , une source de revenus pour l’école

Pour la vie scolaire, ce jardin est aussi une source de revenus pour le collège. Il explique que ces légumes produits par les élèves sont utilisés pour enrichir la cantine scolaire.  « Grâce aux jardins, nous avons des légumes. Nous avons des élèves qui viennent de loin et qui restent à midi et souvent, il n’est pas évident pour ses enfants d’avoir à manger. Le jardin permet de soutenir ces élèves et à améliorer la cantine scolaire », a déclaré Monsieur Koalga.

L’enseignant d’anglais montre également que les légumes du collège de Bassemyam sont prisés par les consommateurs.  « L’année dernière, nous avons des acheteurs qui ont commandé notre salade avant même la récolte. D’ailleurs 90% de nos productions sont commandées avant la récolte ».

La vente des légumes permet à l’école de mobiliser un peu d’argent pour la prise en charge de certains besoin scolaires. Chose qu’il estime important, car il explique que les écoles n’ont plus assez d’argent vu que les frais de scolarité sont en train de disparaitre.

” Nous avons bénéficier du soutien de la coopération Suisse pour la réalisation de ce jardin” Etienne Koalga, enseignant d’anglais.

A en croire Monsieur Koalga, le collège n’enregistre pas de problèmes majeurs en ce qui concerne l’entretien du jardin. Il tire d’ailleurs son chapeau aux élèves qui sont mobilisés pour la cause.  Il signale que les enseignants et les encadreurs veillent au grin pour la bonne marche des activités. « Cette année, chaque élève a quelques plantes à arroser et il y a un suivi», a-t-il renseigné.