Environnement : Quel est l’état de la santé environnementale au Burkina Faso ?

Quel est l’état de santé de l’environnement burkinabè ? Cette interrogation est le sujet d’analyse de la presse environnementale Info Nature, du mardi 17 août 2021. Parler de la santé environnementale renvoie à évoquer la question de la santé humaine, animale, végétale et tous les êtres vivants.

De Frank Pougbila

 La santé environnementale est vue, selon l’Organisation mondiale de la santé, comme l’ensemble des mesures à mettre en œuvre pour acquérir ou conserver la santé en tenant compte du lieu et des conditions de vie. C’est pourquoi, l’environnement, qu’il soit physique, chimique, microbiologique, mérite une attention particulière.

Sa qualité, sa santé est un facteur majeur qui détermine la qualité de vie des êtres vivants. Se questionner sur l’état de santé de l’environnement burkinabè, c’est de s’interroger sur la qualité de l’air respiré, la qualité de l’eau distribuée, les aliments consommés, la salubrité et biens d’autres.

A la question de savoir, quel est l’état de la santé environnementale au Burkina Faso, la réponse est claire. La santé environnementale est agonisante au pays des Hommes intègres. Pour preuve, le ministre en charge de l’Environnement, Siméon Sawadogo, lors de son passage sur l’émission sur La brèche de la RTB, le dimanche 15 août 2021, disait que le Burkina perd 250 hectares par an. Il faisait référence à l’avancée du désert.

Avec ces statistiques, peut-on espérer un air de meilleure qualité à respirer ? Dans les campagnes, les arbres sont abattus à grands échelles et quotidiennement. Dans les villes, la pollution de l’air a atteint son summum. Les industries implantées partout dans les grandes villes sont sans aucune mesure d’infiltration des déchets (lourds, boues toxiques, les solvants). Les moteurs à carburant infectent la qualité de l’air. Selon les inventaires nationaux des gaz à effet (INSD, 2014), les transports sont responsables de 80% des CO2.

La pollution sur l’espèce animale

L’incinération à l’air libre des déchets, le secteur de l’énergie et l’agriculture sont aussi des sources de pollution de l’air au Burkina. D’ailleurs, en 2018, il ressort du tableau de bord de l’environnement que la valeur moyenne des microns PM10 est supérieure à la norme nationale qui est de 300 µg/m3 (la norme OMS est de 50µg/m3).

Sur la qualité des eaux distribuées, le mal est profond. En juillet 2021, des cas de pollution de l’eau dans la commune rurale de Poura (région de la Boucle du Mouhoun) avait été alertées par la presse. Si cette situation est soulevée dans cette partie du pays, ce n’est que la face cachée de l’iceberg. Les cas de pollution sont courants au Burkina.

Dans les sites d’exploitation aurifère (46 tonnes d’or produites en 2017), dans les champs agricoles (l’usage des pesticides), dans les industries, l’usage des substances chimiques se retrouvent le plus souvent dans les eaux distribuées.

Conséquence. Les 120 espèces de poissons, les 520 espèces d’oiseaux sauvages, les 23 races d’oiseaux d’élevage, les 123 espèces de mammifères sauvages, les 91 races de mammifères d’élevage, les 25 espèces de chauves-souris, les 42 espèces d’amphibiens, les 96 espèces de reptiles dont 9 espèces de tortues, les 4 races de crocodiles, les 54 espèces de serpents, 29 races de lézards (Cf. Tableau de bord de l’environnement 2018), seront impactées par cette pollution hydrique.

Problématique de l’assainissement

C’est la même problématique que rencontrent les aliments. La chaine alimentaire est polluée par les pesticides. L’usage des substances chimiques finit par laisser des résidus de ces pesticides dans les légumes mais aussi dans les aliments que des substances chimiques ont été utilisées pour fabriquer.

Toujours sur le cas de la santé environnementale, la salubrité est un facteur déterminant de la santé environnementale. Au Burkina, le problème de la gestion des déchets est une grosse problématique. Dans les grandes comme dans les petites villes, l’assainissement reste un défi à révéler.

Le taux d’accès national à l’assainissement (latrine VIP, EcoSan, toilette à chasse d’eau manuelle, toilette d’eau mécanique) est de 22,6% en 2018, selon le ministère en charge de l’Environnement. Certes des efforts en manière de gestion des déchets ont été faits. La proportion des communes disposant d’un système fonctionnel de gestion des déchets est passée de 13% en 2015 à 23% en 2018. Toutefois, le Burkina est toujours loin de finir avec l’insalubrité.

Un phénomène qui a un impact sur l’ensemble des 2067 espèces de plantes supérieures dont 124 races cultivées et 662 espèces plantes inférieures dont 636 espèces de micro-algues et 26 espèces de plantes fougères (cf. Monographie nationale sur la diversité biologique 2019).

La surexploitation du bois à des fins énergétiques et la mauvaise pratique des techniques de récolte des produits forestiers non ligneux impactent négativement sur le couvert végétal, souligne le ministère en charge de l’Environnement.

Les dangers liés à la santé environnementale

La pollution, l’insalubrité empêchent les eaux de pénétrer le sol pour nourrir les plantes. Surtout que le Burkina est représenté à plus de 39% par des sols à sesquioxydes de fer et de manganèse. Les terres évoluées, en 2018, sont seulement 26% des terres cultivables.

Les dangers liés à la santé environnementale sont de plusieurs ordres dont physique, biologique, chimique. L’on cite comme dangers physiques, l’exposition à des fortes températures (chaudes ou froides), les bruits d’une intensité nuisible, les vibrations pouvant provoquées une désensibilisation des mains. Il y a aussi l’exposition à des rayonnements ionisants pouvant causer des cancers.

Les dangers biologiques sont plus la forte probabilité d’exposer les êtres vivants à des bactéries, virus, prions, protozoaires parasites. L’être humain peut être affecté directement ou indirectement. La transmission peut être hydrique, aérienne, alimentaire ou par l’intermédiaire d’un vecteur.

Les dangers chimiques sont l’exposition à des agresseurs chimiques comme les métaux (cadmium, le chrome, le cuivre, plomb…) sont pour la plupart neurotoxique et cancérogènes. Les acides sont des agents corrosifs. Ils causent les irritations cutanées, respiratoires et oculaires. Les halogènes qui sont des gaz (fluor, chlore) ont pour conséquences les irritations respiratoires et sont aussi toxiques.

Alternative pour préserver la santé environnementale

L’alternative pour rétablir l’état de santé environnementale du Burkina Faso reste l’adoption des politiques de développement durable. Que les populations adoptent des comportements alliant développement durable.

 C’est le cas d’adopter l’agriculture biologique, des pratiques écologiques, révision de l’étalement des villes, l’usage de l’énergie solaire pour l’électricité. Cette pression humaine sur les ressources végétales, animales, sur le sol, l’air, les eaux doit être limitée.

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