[Édito]Grippe aviaire au Burkina Faso : prévenir en interdisant la consommation de la volaille

De Frank Pougbila

« Il vaut bien mieux prévenir le mal que d’être réduit à le réprimer». Le peuple Burkinabè et les dirigeants du moment doivent méditer cette citation de Pierre-Claude-Victor Boiste. Le virus de l’influenza aviaire hautement pathogène encore appelé virus de la grippe aviaire a été identifié au Burkina Faso.

Un communiqué a été fait le 14 janvier dernier par les autorités d’alors. Deux mois après, c’est toujours le tâtonnements. La volaille continue de subir la violence mortelle de ce virus. Au niveau du Laboratoire national d’élevage, il a été annoncé que des mesures sont prises pour la gestion efficiente et le contrôle de l’épizootie. L’une des mesures est le respect de la biosécurité.

Hélas, le terrain est tout autre. Depuis l’annonce de la maladie, les acteurs du secteur avicole accélèrent les stratégies pour évacuer leurs poulets. Les marchés de la volaille sont inondés. Dans cette ruée vers le marché, rien n’est sûr. De la volaille malade fait corps avec celle saine. Aucun contrôle n’est mis en place pour distinguer la volaille atteinte du virus.

Cette situation est dangereuse pour la santé humaine et animale. Faut-il le rappeler,  cette  maladie infectieuse affecte la volaille domestique, les oiseaux sauvages et les personnes en contact étroit avec la volaille ou les oiseaux malades ou morts. Dès lors, si rien n’est fait dans l’urgence pour interdire un temps soit peu la consommation de la volaille, les Burkinabè ne devraient pas être étonnés des conséquences futures.

À l’État Burkinabè d’être ferme dans ce sens. Pour la santé publique, tous les sacrifices méritent d’être consentis. Le ministère des Ressources Animales estimait la consommation journalière de volaille à environ 80 milles têtes à Ouagadougou et 50 milles à Bobo-Dioulasso. Ces chiffres montrent l’urgence de prendre des mesures pour éviter le pire.

Autrement dit, il faut accepter de perdre peu aujourd’hui au lieu de tout perdre demain. En tous les cas, l’ex-ministre de l’Agriculture des aménagements hydro-agricoles, de la mécanisation et des ressources animales et halieutiques, Moussa Kaboré avait déjà tiré la sonnette d’alarme que si cette crise de grippe aviaire n’est pas bien géré, on risque de perdre tout notre cheftel aviaire estimé à 52 millions de tête.

Il faut certainement noter qu’interdire la consommation de la volaille serait un acte très audacieux mais le contexte pourrait le justifier. L’on se rappelle qu’en août 2014 alors que le virus d’ébola flottait aux frontières du Burkina, les autorités de l’époque ont interdit la consommation des chauves-souris ( roussettes) et autres viandes sauvages. Cette mesure a été prise alors que le virus n’avait pas encore fait son apparition sur le territoire Burkinabè.

Il appartient aux acteurs du monde avicole, au regard de la situation et des conséquences sanitaires sur l’homme et les autres espèces à l’image des oiseaux,  à faire dominer l’intérêt supérieur.

En attendant, les producteurs sont priés de rester en alerte en prenant contact avec les services techniques du ministère en charge des Ressources Animales et observer les mesures d’hygiène.

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