[Édito] : L’agriculture et l’eau au Burkina Faso : Un défi sécuritaire et environnemental
L’agriculture est l’épine dorsale de l’économie burkinabè, mais sa réussite est étroitement liée à la disponibilité en eau. Alors que le gouvernement lance son offensive agro-pastorale et halieutique 2023-2025 avec l’ambitieux objectif de produire 100 000 tonnes de poissons, il est crucial de se demander si les ressources en eau du pays sont à la hauteur de cette entreprise, surtout à la lumière des défis sécuritaires posés par le terrorisme.
La situation sécuritaire préoccupante qui règne dans certaines régions du Burkina Faso compromet sérieusement l’accès aux ressources en eau et entrave les activités agricoles. Les attaques des groupes terroristes au Burkina Faso ont eu des conséquences dévastatrices sur les infrastructures hydrauliques, compromettant gravement l’accès à l’eau pour l’agriculture et la vie quotidienne des populations locales.
Par exemple, dans la région du Sahel, des attaques répétées contre les puits et les systèmes d’irrigation ont privé les agriculteurs de leurs principales sources d’eau pour l’irrigation des cultures, réduisant ainsi les rendements agricoles et compromettant la sécurité alimentaire des communautés locales. Dans certaines zones, des barrages et des stations de pompage ont été délibérément sabotés, entraînant des pénuries d’eau et des conflits pour l’accès aux rares sources disponibles.
De plus, les attaques contre les travailleurs humanitaires et les agents gouvernementaux chargés de la gestion des ressources en eau ont paralysé les efforts de secours et de réhabilitation, prolongeant ainsi les souffrances des populations déjà vulnérables. Par exemple, des organisations humanitaires ont signalé des cas où des équipes chargées de réparer des puits endommagés ont été attaquées en plein travail, mettant en danger leur vie et compromettant les efforts de secours.
Les effets du changement climatique ajoutent une dimension supplémentaire de pression sur les ressources en eau du Burkina Faso, déjà mises à rude épreuve par les activités terroristes. Les sécheresses récurrentes et l’irrégularité des précipitations exacerbent les difficultés auxquelles sont confrontées les communautés rurales, qui dépendent largement de l’agriculture pluviale pour leur subsistance.
Par exemple, dans les régions du Nord et de l’Est du Burkina Faso, les sécheresses prolongées ont entraîné une diminution drastique des niveaux d’eau dans les rivières et les barrages, compromettant ainsi l’approvisionnement en eau pour l’irrigation des cultures et la consommation domestique.
Les communautés agricoles, déjà vulnérables en raison de la faiblesse des précipitations, se retrouvent désormais confrontées à des choix difficiles entre l’abandon de leurs terres ou la lutte pour survivre avec des ressources en eau limitées.
De plus, l’irrégularité des précipitations crée des défis supplémentaires pour la planification agricole et la gestion des ressources en eau. Les agriculteurs qui dépendent des précipitations pour arroser leurs cultures sont confrontés à des périodes de sécheresse prolongées suivies de précipitations soudaines et torrentielles, ce qui entraîne souvent des inondations et des dommages aux cultures.
En outre, le changement climatique entraîne des modifications dans les schémas de température, ce qui peut affecter la recharge des nappes phréatiques, réduisant ainsi la disponibilité en eau pour les populations qui en dépendent.
Face à cette réalité complexe, le gouvernement burkinabè doit adopter une approche holistique pour garantir la sécurité alimentaire et hydrique de la nation. Cela implique non seulement des mesures de sécurité efficaces pour protéger les infrastructures vitales, mais aussi des investissements dans des pratiques agricoles durables et des technologies d’irrigation efficaces pour une utilisation optimale de l’eau disponible.
De plus, une coopération régionale et internationale renforcée est essentielle pour faire face aux défis transfrontaliers liés à la gestion des ressources en eau et à la lutte contre le terrorisme. La solidarité et l’échange de connaissances entre les pays de la région peuvent aider à développer des solutions innovantes et à renforcer la résilience des communautés face aux menaces multiples.
L’atteinte des objectifs ambitieux de production agricole et halieutique au Burkina Faso dépendra de la capacité du pays à relever les défis sécuritaires et environnementaux liés à l’eau. Cela exigera un engagement ferme, une coordination efficace et une vision à long terme pour assurer un avenir durable pour les générations à venir.
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