[Édito] Agriculture : le TIRPAA torpillé par des industries semencières

Le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (TIRPAA) ou le Traité sur les semences du 3 novembre 2001 est menacé. Adopté, il permet de favoriser le développement de la biodiversité et de respecter les droits des paysans. Autrement, il a pour objectifs de préserver les ressources phytogénétiques dans le but de conserver la biodiversité et d’assurer la sécurité alimentaire mondiale.

Dans le TIRPAA, les recherches scientifiques effectuées sur les cultures ne peuvent en aucun cas faire l’objet de brevets personnels. C’est un projet mené en commun et dans ce cas la propriété intellectuelle ne rentre pas en jeu. Le traité reconnaît également l’importance du rôle des agriculteurs et des paysans à travers le monde qui contribuent à nourrir les 7 milliards de personnes, sans compter les bêtes d’élevage.

Malheureusement, le traité est sous le contrôle des multinationales. C’est le cas du Programme Divseek, lequel analyse les séquences génétiques des ressources dans les banques de gènes dans l’optique de les publier dans des bases de données électroniques.

Si rien n’est fait, avec les systèmes de droits de propriété intellectuelle qui favorisent les intérêts de l’industrie semencière, la diversité agricole est en proie à l’accaparement de variétés ou de gènes via les certificats d’obtention végétale.

Aussi, l’industrie est en mesure de faire breveter toute information génétique. Ainsi, les semences paysannes vont disparaitre au profit des brevets promus par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI).

Le risque est que l’agriculture industrielle est liée au capitalisme. Une pratique agricole mortifère, des semences hybrides, organismes génétiquement modifiés, engrais chimiques, pesticides, hormones, antibiotiques et énergies fossiles augmentent une dépendance des populations. De même, les paysans sont exposés à l’endettement, la destruction des milieux environnementaux et sociaux.

L’agriculture industrielle contribue au réchauffement climatique, exposé davantage l’agriculture aux aléas naturels, réduit la biodiversité et détruit les écosystèmes. Elle augmente la désertification et la salinisation des sols, provoque des maladies, élimine les emplois et les systèmes alimentaires locaux.

De Frank Pougbila

DP Info Nature

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