Culture de contre-saison à Ouagadougou:Les difficultés des productrices de la laitue de Tanghin

Dans la ville de Ouagadougou, les gens s’adonnent aux cultures de contre-saison. Ces cultures sont plus développées aux alentours des cours d’eau. C’est le cas du barrage de Tanghin où la production de la laitue communément appelé la « salade » est plus rependu. Ce mercredi 3 novembre 2021, un constat est fait sur le travail de ses maraicherculteurs.

De Mariam Bagayoko ( collaboratrice)

Il est 10 heures 30 minutes. Le soleil un peu brulant, la circulation très mouvementé. Nous dépassons le marché de bétails de tanghin d’un kilomètre avant d’arriver au jardin se trouvant à notre droite et le barrage numéro 2 à notre gauche. Aux abords du jardin à droite il y a une femme juste assise sur un banc avec une table devant elle où elles vendent des oignons, des tomates.

A 500 mètres, nous constatons deux femmes assisses l’une à côté de l’autre,  avec leurs table contenant un gros panier de salade qu’elles vendent. A l’entrée du jardin, un vent frais souffle avec une odeur de terre mouillée. Le terrain utilisé pour les cultures maraichères a été acquis par chaque exploitant depuis l’époque coloniale. « Ce terrain est à mon mari qui a hérité de son père. Les portions de terre ont été équitablement réparties. À chacun, sa zone bien limitée de sorte à ce qu’il n’y ait pas de querelles», confit Assita Kaboré, productrice de la laitue.

Dans les jardins travaillent hommes et femmes côte à côte. De gauche à droite tous concentrés sur leurs plants pendant que d’autres se chargent de l’arrosage. C’est un endroit relativement calme à l’exception du bruit des usagers de la route. Madame Kaboré explique qu’aucun producteur ne dépend de l’autre. Elle poursuit en disant que Chacun est maître de ses productions. « Sur le terrain il y a plus de cinq producteurs, chacun a son propre puits lui permettant d’arroser convenablement ses productions », informe-t-elle.

La production de la laitue

La laitue est une plante dont les graines sont mises dans un sol riche et bien labouré. Ce sont des petites graines de formes variables. Madame Kaboré a divisé son jardin en deux grandes parties. La première où il faut d’abord mettre en terre les graines. C’est un petit espace d’un mètre carré où la semence des graines est entassée.

Elle recouvre la surface à l’aide d’une moustiquaire pour éviter que les oiseaux ne viennent picorer tout en arrosant une fois par jour. Elle poursuit en disant que deux semaines plus tard qu’elle enlève les moustiquaires des pépinières tout en respectant l’arrosage.

Salade, Tanghin, Ouagadougou
La laitue couverte de moustiquaire

Cette étape dure trente à quarante-cinq jours. L’arrosage se fait alors deux fois par jour. « Après cette étape la pépinière est devenue de la laitue qui est déracinée et envoyée dans un autre compartiment où elle est arrosée quotidiennement », nous affirme-t-elle. Assita nous informe, que le deuxième compartiment est assez vaste. La distance entre les laitues est environ 50 cm.

Deux semaines plus tard, elle laboure et met du fumier. Elle poursuit ses propos en nous indexant les jeunes plantes de la salade avec un sourire de fierté. « Les laitues prennent encore trente à quarante-cinq jours pour que la croissance soit à terme ». Une fois bien développée, sa taille peut atteindre 20 à 25 cm à vue d’œil. C’est alors que la laitue est prête pour la consommation. Après avoir expliquée le processus de production, Assita secoue la tête avec un petit sourire ironique. Puis, elle dit, « vous voyez comment nous souffrons pour produire la laitue…. toutes cette souffrance! Et nous sommes obligé de vendre à bas prix pour que le soleil ne gâte pas les feuilles »

9.000 FCFA, le panier

Pour la commercialisation des laitues, Assita ne se déplace pas pour la vente.  Elle a fait appel à deux femmes pour qu’elles puissent l’aider à déterrer les laitues pour ses clients avant leurs arrivés. Alors Salimata Ouattara étant une cliente fidèle, madame Kaboré lui remet à 9.000 FCFA le panier plein de laitue. Elle dit revendre au marché de Tanghin non-loin du jardin. L’évaluation du prix s’effectue en fonction des lots de cultures.

Dans le grand compartiment, Assita dispose les laitues en lot. Et chaque lot coûte 9.000 FCFA et c’est le prix fixe pour ses clients réguliers. Quant aux passants le prix minimum est évalué à 10 mille francs CFA. Le travail, certes, génère des revenus, mais juste pour survivre, déplore madame Kaboré.

Madame Salimata nous confie en ces mots. « Je préfère venir acheter que de produire car à chaque vente j’ai des bénéfices. Je ne dépense que pour l’essence. Contrairement à Assita qui paye les graines, les gens qui l’aide à labourer et à déterrer la salade… à partir du mois de janvier, le marché devient très lent, elle est obligé de nous laisser aller vendre et revenir lui donnée la somme que l’on veut».

Malgré toutes les difficultés, madame Kaboré « reste fidèle » à la terre car depuis son bas âge, elle a appris à aimer l’agriculture. C’est devenu une passion pour elle. Comme quoi, selon un adage « fait ce que tu aimes et tu ne travailleras point ».

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