COP27: le bilan de la participation des OSC du Burkina

Le monde s’est réuni du 7 au 18 novembre 2022 en Egypte pour la 27 ème Conférence des parties sur les changements climatiques. La société civile du Burkina Faso a été représentée. Au lendemain de cette rencontre internationale, Alassane Nakandé, point focal du Burkina Faso de la Convergence globale des luttes pour la terre, l’Eau et les semences paysannes en Afrique de l’Ouest ( CGTE-AO) fait le bilan de la participation des OSC. C’était le dimanche 20 novembre 2022 dès son retour de Sharm El Sheikh.

De Frank Pougbila

Info Nature : Nous sommes au lendemain de la COP27. Que pouvons-nous retenir de la participation des organisations de la société civile (OSC) Burkinabè à cette conférence mondiale ?

Alassane Nakandé : La participation de la société civile s’est faite à travers un consortium sous la facilitation de Oxfam. D’abord une caravane nationale s’est déroulée pour sensibiliser et prendre en compte les préoccupations des communautés.

L’axe particulier des pertes et préjudices a été la singularité pour les OSC du Burkina Faso. Ainsi la Confédération paysanne du Faso , avec l’appui de Oxfam, a élaboré un document de plaidoyer spécifique relatif aux pertes et dommages liés aux changements climatiques. L’élément clé de plaidoyer est la mise en place d’un fond particulier portant sur les pertes et dommages.

Parmi les thématiques de lobbying à la cop 27 figure celles relatives aux pertes et dommages. La délégation des OSC a pleinement participé aux instances et discussions des commissions. Le document de plaidoyer a été soumis pour une consolidation et harmonisation afin qu’il soit une référence commune pour les pays africains et autres en développement.

Les OSC ont participé activement à certaines actions de revendications pour une justice climatique en faveur des pays vulnérables et non responsables des effets climatiques. Des mises en commun des luttes se profilent avec des échanges entre les collectifs au niveau continental. Tout cela augure d’un renforcement de la pression et du lobbying sur la justice climatique.

En somme, des perspectives pour consolider les actions à l’échelle sous régionale et africaine reste un acquis à valoriser. De même, la synergie engagée entre organisations au niveau national devra se voir consolider pour des actions unitaires autour du climat.

Info Nature : Dans vos revendications, vous plaidez pour un fonds spécial climat pour les dommages et pertes. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Alassane Nakandé : En rappel, Le réseau de Santiago sur les pertes et dommages a été créé pour prévenir, minimiser et traiter les pertes et dommages pour les pays en développement.

Les fonctions du réseau ont été établies à la COP 26 et la manière dont le réseau s’acquittera de ses fonctions doivent faire l’objet d’un accord au cours de cette COP 27.
Les négociations ont été houleuses sur le financement des pertes et dommages liés au climat.

Pour les pays développés, le financement des P & P ( pertes et préjudices) peut se faire sous le modèle des institutions existants comme Fonds Vert Climat, FEM, Banque Mondiale. Les pays développés veulent avoir tous les détails techniques avant d’envisager l’acceptation d’un fonds spécifique.

Pour les pays africains, la position est la création d’un instrument de financement spécifique avec une structure de gouvernance et , en 2024, le mécanisme de financement soit totalement opérationnel le plus tôt possible.

L’acquis reste l’amplification d’autres fonds mais pas la création d’un fonds spécial dédié aux pertes et dommages. Le souci restera toujours l’accessibilité et la proportion qui pourra être réservée aux pertes et préjudices.

Info Nature : L’espoir est-il permis d’aller vers la réduction des émissions des gaz à effet de serre dans le monde à la sortie de cette COP?

Alassane Nakandé : L’espoir pour la réduction des gaz à effet de serre reste une boule de neige. Mais il faut noter que la prise de conscience semble plus élevée à tous les niveaux, gouvernants, pays riches et les communautés. La question phare demeure la mise à l’échelle des bonnes pratiques et expériences en matière d’agroécologie paysanne et d’innovations moins polluantes.

En terme de financement un bon sera noté mais la question cruciale de l’accessibilité sera encore la limite. Et cela pourrait avoir un sens si au niveau national, des mécanismes endogènes facilitent cette valorisations des savoirs et connaissances.

Nécessairement d’autres formes de plaidoyers, de pressions des communautés sont à inventer pour influer sur les décisions favorables à la réduction sincère des gaz à effet de serre. Nous vivons la même problématique consciencieusement mais nous n’avons la même foi pour les actions.

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