COP15: dans l’ombre des arbres
Aires de biodiversité, puits de carbone, sources d’alimentation… Indispensables à la vie sur Terre, les forêts du globe sont pourtant menacées par les activités humaines et le changement climatique. À l’occasion de la COP15 sur la biodiversité organisée à Montréal à compter du 7 décembre, l’Agence française de développement vous emmène à l’ombre des arbres afin de mieux comprendre les enjeux liés à leur préservation et les solutions mises en oeuvre sur le terrain.
De AFD
« Grande étendue de terrain couverte d’arbres ». La définition du mot forêt dans le dictionnaire semble aujourd’hui dépassée, à mesure que la science nous en dévoile les étonnantes facettes.
La forêt, cet écosystème complexe mêlant mammifères, oiseaux, insectes, plantes, champignons, micro-organismes souterrains, matière organique, eau et gaz, ne peut raisonnablement se réduire à une cohorte de troncs fièrement dressés vers le ciel. « La forêt est un ensemble d’arbres qui a poussé spontanément », décrit joliment Francis Hallé, botaniste et biologiste spécialiste des forêts tropicales. Et peut-être plus encore…
La forêt est aujourd’hui notre meilleure alliée face au changement climatique, elle qui absorbe chaque année près de 2 milliards de tonnes de CO2, soit 5 % de nos émissions de gaz à effet de serre. Elle l’est aussi face au déclin des espèces vivantes, elle qui abrite près de 80 % de la biodiversité terrestre.
Et la forêt a d’autres vertus : elle joue un grand rôle dans la purification de l’eau douce, la production d’oxygène, la fourniture de bois, de nourriture et autres services à près de 1,6 milliard d’humains.
En 2021, à l’heure de l’urgence écologique, ce réservoir de vie et de carbone reste pourtant menacé de toutes parts. Par l’extension des cultures agricoles et de l’élevage, par les grands chantiers, par l’exploitation non durable du bois, par le réchauffement climatique… Entre 1990 et 2015, les forêts mondiales ont reculé de 130 millions d’hectares, soit deux fois la superficie de la France, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Depuis 2010, la déforestation s’est même accélérée, particulièrement en Amérique du Sud et en Afrique. « Si nous continuons à la vitesse actuelle, il n’y aura plus de forêt tropicale à la fin de ce siècle », alerte Gilles Boeuf, biologiste et professeur à Sorbonne université.
Tels le peuple disparu de l’île de Pâques, nous scions lentement la branche, au risque d’aggraver la perte de biodiversité, d’amplifier le dérèglement climatique et de libérer de nouvelles maladies potentiellement dévastatrices…
Stopper l’exploitation forestière aux quatre coins du globe paraît aujourd’hui impossible. Alors pourquoi ne pas faire notre possible pour la rendre plus responsable, plus soutenable pour les écosystèmes ? C’est l’un des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies : « Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité ».
C’est aussi celui que poursuit l’Agence française de développement par son soutien appuyé, depuis maintenant 30 ans, à des dizaines de projets visant à établir une gestion responsable des forêts dans le bassin du Congo, en y associant autant possible les populations locales et autochtones.
Face à de tels enjeux, aucune solution n’est simple. Mais si nous ne prenons pas soin de cette nature, l’arbre qui cache la forêt n’aura bientôt plus rien à dissimuler.
Source : AFD
Dossier publié pour la première fois le 8 juillet 2021. Dernière modification le 6 décembre 2022.