Burkina Faso : des militaires à la terre et des spécialistes de la terre à la traine ?

Pour ceux qui ne savent pas, il faut désormais le savoir, l’Initiative présidentielle pour la production agricole 2023-2024 est en marche. Oui c’est le conseil des ministres du 31 mai 2023 qui l’a actée. D’un coût global de 22 milliards de nos F CFA, elle comprend trois composantes. La première, est l’initiative d’urgence pour l’intensification de la riziculture qui va concerner 4000 hectares. La deuxième est le programme alimentaire militaire du Burkina qui va mobiliser 3500 hectares puis la troisième qui n’est rien d’autre que la production de défense de la patrie contre l’insécurité qui va concerner également 3500 hectares.

De Emmanuel GOUBA 

Cette initiative présidentielle va mobiliser plus 1000 militaires, plus de 2000 volontaires pour la défense de la patrie VDP et plus de 4000 personnes déplacées internes.

Une initiative présidentielle salutaire d’autant plus que l’objectif est de produire environ 190 000 tonnes de céréales et de légumes sur un peu plus de 11 000 hectares emblavé.

Bien mais posons-nous donc la question ?

Est-ce à dire que des militaires commis à la guerre iront à la terre et des spécialistes de la terre seront toujours à la traine ? A cette question, le Oui semble être le plus juste ? Mais quelle est l’intérêt pour un pays en guerre d’envoyer un millier de militaire et 2000 supplétifs de l’armée à l’agriculture ? Au dire du porte-parole du gouvernement Jean Emmanuel Ouédraogo, il va s’agir d’impliquer les forces combattantes dans la production agricole afin d’avoir la capacité d’assurer la sécurité d’un certain nombre de sites pour la production.

Très bien genre la Kalach à gauche et la daba à droite. A défaut, les militaires et ses supplétifs vont assurer la sécurité des PDI qui seront commis à l’agriculture.

Si telle est le cas il faut impérativement inclure les spécialistes ou techniciens commis à la l’agriculture. On dira certainement que l’armée regorge toutes les compétences sauf que nous sommes en guerre et le job de l’armée c’est de faire la guerre. Mettons donc chaque acteur à la place qu’il faut. Des millions de jeunes diplômés sortent chaque année des écoles de formations comme par exemple MATOURCOU ? Centre universitaire polytechnique de Tenkodogo, Gaoua etc et c’est sans compter les écoles de formations privé. Mais plus part sont très vites rattrapé par le chômage. Certains Kobnaaba, comme ils sont affectueusement affectés se sont résolus aujourd’hui à la vente des bijoux, pagnes, des kiosques de mobiles money et que sais-je. Nous n’avons rien contre l’entreprenariat mais vous en conviendrez que rien ne sert de passer 2 ou 3 ans à se former en agriculture pour finir vendeuse de pagne ou de formateurs en criptommonaies.

Si c’est l’agriculture, mettez les spécialistes de l’agriculture devant, donnez la chance à ses jeunes diplômés qui chôment dans les rues des capitales et dans les hameaux de cultures de faire leurs preuves. On peut par exemple lancer un recrutement massif, des techniciens, ingénieurs agricoles pour participer à ce projet. Là on va résoudre tant soit peu le problème du chômage, et on produirait en quantité et en qualité. On peut également leurs prêter des portions de terres et du matériels agricoles pour produire pour la Nation.

De toutes les façons comme on le dit chez nous, le genou ne porte pas de chapeau quand la tête est là, donc il ne faudrait pas également que des militaires empoignent la daba pendant que des agriculteurs professionnels sont au chômage.

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