Biopesticides d’origine végétale : chercheurs et agriculteurs se parlent
Des Chercheurs et agriculteurs se sont retrouvés les 5 et 6 octobre 2023 à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. C’était à l’occasion du Forum national sur les biopesticides d’origine végétale dont le thème est « Les formulations biopesticides à base de plantes : évidences scientifiques pour le développement du maraîchage».
✍️De Frank Pougbila
Durant deux jours, les évidences scientifiques en matière de biopesticides ont été exposées par des chercheurs venus de plusieurs universités du Burkina Faso. Cette initiative est de l’Académie nationale des sciences, des Arts et Lettres du Burkina Faso (ANSAL-BF), le Conseil national de l’agriculture biologique (CNABio) et le Laboratoire de Chimie analytique environnementale et bio organique ( LCAEBio).
Dans une démarche commune de é ’ égét, le Forum national sur les Biopesticides d’origine végétale pour une production maraichère durable a permis de recueillir une dizaine de communications autour du thème « Les formulations biopesticides à base de plantes: évidences scientifiques pour le développement du maraîchage».
Des explications du Pr Yvonne Bonzi, responsable du Laboratoire LCAEBio, cette rencontre des 5 et 6 octobre 2023, se veut un cadre d’échanges entre chercheurs et producteurs dans un « français facile ». C’est aussi une capitalisation et une visibilité des évidences scientifiques auprès des producteurs.
Les échanges se sont attelés sur la vulgarisation des biopesticides issus des résultats de recherche scientifique une agriculture saine et agroécologique au Burkina. La chercheure s’est réjouie du fait que ses collègues, dans un langage simple, ont exposé leurs résultats afin que les producteurs tirent du bénéfices pour une utilisation future. Il ressort que les chercheurs ont alerté sur les toxicités de certaines biopesticides, sur le dosage des biopesticides, la variabilité climatique et surtout faire attention à la biomasse quantitative.
Homologation des biopesticides au Burkina était des débats pour une sécurisation des résultats de recherche mais pour le bien de la biodiversité. « Nous devrons aussi tirer des partenariats avec d’autres acteurs surtout au niveau du financement », dit-elle. Elle informe que les prochains défis à la sortie de ce forum est la publication de la synthèse des échanges dans une revue scientifique et rédiger un livret au profit des producteurs.
Sur l’avenir des biopesticides dans l’agriculture Burkinabè, Dr Samuel Fogné Drabo, Entomologiste au Centre Universitaire de Ziniaré par ailleurs l’un des communicateurs lors du forum, est confiant. Ses recherches au laboratoire ont montré l’efficacité des biopesticides et l’experimentation dans les champs est prometteuse. Il rassure que pour ce qui est des produits maraîchers, il est possible d’avoir légumes bio.
Toutefois, il note que les biopesticides doivent suivre des travaux scientifiques pour limiter leurs risques sur la biodiversité. « Certaines biopesticides ont des substances toxiques. Il faut une communication pour que les producteurs se protègent et respectent les dosages », conseille Dr Drabo.
Christian Legay, Représentant pays de l’organisation non-gouvernementale Autre Terre, partenaire de ce forum, salue cette rencontre. Au moment où le Burkina a une stratégie nationale pour l’agroécologie, monsieur Legay pense qu’il est important de réfléchir sur la disponibilité des bio intrants pour une transition écologique et agriculture durable et biologique.
Il invite l’Etat Burkinabè a soutenir la promotion des biopesticides et réduire la subvention des produits chimiques qui sont nuisibles à l’environnement . Il dit être convaincu que les biopesticides sont une alternative pour une agriculture saine et les acteurs sont en mesure de répondre à la demande sur le terrain.
La preuve, une exposition vente a eu lieu au sein de l’Université Joseph Ki-Zerbo. Les biointrants, biopesticides, les produits issus de l’agroécologie et l’agriculture biologiques étaient au rendez-vous. Au stand de la Ferme-école agroécologique Béo-neere, l’on retrouve une gamme de produits fait à base des produits locaux.
Du « kolg-zanga», un biopesticide pour la culture des grandes surfaces, de l’Apichi pour le maraîchage, des engrais liquides pour le traitement et la fertilisation des sols. Le directeur de la Ferme-école, Martin Nabaloum fait savoir que les biopesticides sont bénéfiques pour l’environnement et les agriculteurs. « Avec moins de 10 mille francs CFA, l’on peut fabriquer un biopesticide pour un grand espace », confie-t-il.
Abdoulaye Sanfo, producteur à Yako, utilise les biopesticides pour la production de la tomate. Il témoigne de l’efficacité de ces produits issus de la recherche scientifique. « Les biopesticides tuent les ravageurs , fertilisent nos périmètres de culture et donnent des récoltes saines à la consommation », explique l’agriculture. Il invite les chercheurs a une grande promotion des résultats des recherches au profit des producteurs qui sont en majorité en zone rurale.
La doléance est prise en compte par le CNABio. La Vice-présidente, Sophie Sedogo exprime leur disponibilité à accompagner toutes les sollicitations en vue de la promotion d’une agriculture durable. Elle encourage une fructueuse collaboration entre chercheurs et producteurs pour une bonne promotion de l’agroécologie .
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