Agroécologie : Béo-neeré agroécologie pour une agriculture écologique durable au Burkina

Le centre en agroécologie et agriculture biologique de Béo-neeré basé à Roumtenga, une localité située non loin de Ouagadougou (quelques kilomètres de Kossodo) est une ferme-école. Dans cet article, le directeur du centre, Abdoul Razack Belemgnegré explique la particularité de sa ferme.

De Frank Pougbila

Créée en 2017 par des animateurs internes endogènes en agroécologie et en agriculture biologique, la ferme-école de Béo-neeré agroécologie est un centre de formation. Sa particularité réside dans la formation des jeunes, des paysans et toute personne qui s’intéresse à la pratique agricole sans usage d’intrant chimique de synthèse.

Béo-neeré est en langue nationale mooré. Ce qui signifie en langue française « Avenir meilleur ». Il s’agit d’un avenir meilleur pour l’agroécologie, dira Razack Belemgnegré, directeur du centre. Pour lui, pour vivre longtemps sur terre, il faudrait songer à la préservation de l’environnement et de la diversité animale et végétale et l’écosystème.

Dans les détails, « le paysan africain », comme il aime se faire appeler, exhorte à adopter une agriculture écologique durable qui vise à produire sans détruire l’environnement, tout en mettant le focus sur tout ce qui est biodiversité. Il s’agit de travailler à concilier l’humain au mode de vie écologique.

« L’appellation reflète de l’image que nous donnons à l’agroécologie, sur la protection de l’environnement et pour la préservation de l’écosystème. C’est une agriculture à la taille humaine », soutient-t-il.

Intervenant dans 12 sur 13 régions du Burkina et au-delà du pays des Hommes intègres, Béo-neeré œuvre dans la formation des animateurs grâce aux sollicitations des Organisations non-gouvernementales et associations. « Nous formons en Côte d’Ivoire, au Ghana, Mali et biens d’autres pays », confie M. Belemgnegré.

En terme de domaines d’intervention, il y a l’élevage, l’agriculture, la pêche, l’artisanat. Béo-neeré met l’accent sur l’élevage agroécologique, le maraîchage agroécologique, la culture hivernale et la transformation des produits.

La sensibilisation et la formation sont aussi des domaines que Béo-neeré met le paquet pour atteindre l’auto-suffisance alimentaire et financière. « Nous traitons aussi la question de la semence paysanne », renchérit le directeur.

Objectifs

Pour mieux comprendre, il faut s’interroger sur les objectifs de Béo-neeré. Le directeur explique que l’objectif est de permettre à chaque producteur de se nourrir sainement, d’une nourriture de qualité et en quantité.

Tout cela à travers la protection de l’environnement, la production agroécologique. « Nous voulons emmener les producteurs à produire sainement sans usage des produits chimiques », dit-il.

Pour atteindre ses objectifs, Béo-neeré forme en aménagement des fermes, les cordons pierreux, le paillage, l’association des cultures et la rotation des cultures. De même, il existe des formations en biofertilisants, biopesticides, en élevage agroécologique, gestion raisonnable de l’eau et en gestion intégrée des ravageurs.

Des formations, en semence paysanne notamment sur la sélection, la multiplication, la conservation et les tests de germination, sont données. « La transformation des produits vise à montrer que le surplus de la production peut être transformé », ajoute le paysan africain.

Par an, Béo-neeré accompagne 25 coopératives. Ce qui fait environs 800 personnes dans l’année. « Nous formons des associations et il y a l’incubation des jeunes en agriculture biologique. Nous sommes à notre 8ème édition d’incubation avec plus 40 participants issus du Burkina et de l’extérieur par édition», explique le directeur.

Subventionné les intrants bio

Des visiteurs mais aussi des stagiaires viennent de INERA, Marourkou, Université d’Ouagadougou pour faire la pratique. Un fait qui pèse financièrement sur le centre. Selon M. Belemgnegré, les mesures d’accompagnement pour la formation des étudiants manquent.

« Les jeunes qui viennent volontairement n’ont pas les moyens pour payer. D’autres sortent de notre école et n’ont pas l’appui pour mener à bien leurs activités. Il était important d’encadrer ces projets et accompagner ceux viables », souhaite-t-il.

Aussi, des paysans formés sont en manque de matériels nécessaires pour entamer cette transition vers agroécologie. En tant que organisation à but non lucratif, le centre a besoin des fonds pour prendre en charge le logement et la nourriture des étudiants qui viennent, pour certains trois mois et d’autres six mois, pour la rédaction de leurs mémoires.

L’autre difficulté est la subvention des intrants chimiques de synthèse au détriment des intrants biologiques comme le compost, les biopesticides. « Il faut subventionner pour permettre d’offrir aux producteurs des intrants bios », interpelle le directeur.

Pour se faire former, il suffit de contacter le premier responsable. Il y a des formations spécifiques de deux jours, sept jours ou dix jours, de six mois, de neuf mois, foi de M. Belemgnegré. « Il existe des formations groupées, individuelles, de longue durée et de courte durée », note le responsable du centre.

www.infonature.net