Agroécologie au Burkina : les réactions des militants après l’adoption de la stratégie nationale
La stratégie nationale de développement de l’agroécologie au Burkina Faso a été validée, le 28 avril 2022 à Ouagadougou. Une étape appréciée par les défenseurs de l’agroécologie.
Promouvoir l’agroécologie. C’est l’objectif du Projet d’Agriculture Contractuelle et Transition Écologique (PACTE) du ministère de l’Agriculture, des Ressources Animales et Halieutiques. Ce projet a permis d’adopter une Stratégie nationale de développement de l’agroécologie, assortie d’un Plan d’action.
Le chargé d’études au Secrétariat général, Moussa Ouattara souligne que, « les systèmes d’exploitation se doivent d’évoluer vers des systèmes plus durables si l’on veut garantir dans le futur la satisfaction des besoins de consommation de la population, de plus en plus croissants et exigeants ».
Christian Legay de l’ONG Autre Terre, qui a d’ailleurs participé à la rédaction de ce document, affirme que cette stratégie va permettre de fédérer les synergies autour des objectifs à atteindre à court, moyen et long terme pour amorcer la transition agroécologique sur l’ensemble du territoire national. L’agroécologie étant un type d’agriculture ou un ensemble de pratiques agricoles responsables et durables qui proscrit l’utilisation des intrants chimiques, valorise les ressources naturelles et s’appuie sur les connaissances locales et scientifiques.

Ali Tapsoba, président de l’association Terre à vie qui fait la promotion de l’agroécologie pour l’atteinte à la souveraineté alimentaire, l’adoption de cette stratégie montre une volonté politique du Burkina Faso à aller vers ce type d’agriculture soucieuse de l’environnement.
Bacyé Sam Tokoro, de l’ Association pour la promotion de l’agriculture durable (APAD Sanguié), s’inscrit dans la même logique. Il rappelle qu’en début d’année, un consensus n’avait pas été trouvé par le Ministère et les Organisations de la société civile sur la définition de l’agroécologie. Mais cela reste une avancée pour toutes les parties prenantes agissant dans le développement.

Enjeux de la stratégie
L’ agriculture est tributaire de la pluviométrie et le contexte international est marqué par les changements climatiques. Ce plan stratégique va, selon le Directeur général de la promotion de l’économie rurale, Dr Mohamed Porgo permettre de « canaliser tous les efforts concourant à promouvoir l’agroécologie de sorte à avoir un référentiel unique en vue d’orienter toute intervention visant à promouvoir une agriculture contractuelle ».
Cette pratique agricole protège les sols, santé et toute la biodiversité, explique Ali Tapsoba de Terre à vie. L’autre enjeu, c’est la souveraineté agricole et alimentaire. L’agriculture conventionnelle tolère les intrants chimiques de synthèse produits par des multiples nationales à des coûts de milliards de francs CFA. Avec l’agroécologie , poursuit monsieur Tapsoba, le Burkina pourra produire ses intrants naturels.
Il ajoute que c’est une aubaine d’aller vers la souveraineté alimentaire en produisant ce dont l’on a besoin en fonction des réalités socio-économiques, culturelles et climatiques. « L’agroécologie rassure la qualité du champ à l’assiette. De la production, à la transformation jusqu’à la commercialisation et consommation, c’est un produit de qualité», fait savoir l’agroécologiste.

Pour Christian Legay de l’ONG Autre Terre l’un des enjeux est de fédérer toutes les énergies pour atteindre les objectifs attendus au bout de 5 ans mais aussi à des horizons bien plus lointains à l’échelle d’une génération soit en 2040-2050. « Et, il y a urgence ! à l’heure des changements climatiques, chaque jour compte ! nous n’avons plus que 2-3 ans pour inverser la tendance avant que la situation ne soit plus sous contrôle pour rester en deçà des 1,5°C. Nous savons que pour le secteur agricole (agriculture-élevage…), la solution existe : c’est l’AGROECOLOGIE».
Les points sur lesquels se repose l’enjeu
Il relève les points sur lesquels l’enjeu de cette stratégie se repose. De façon non exhaustifs, il note la « mobilisation et synergie de tous les acteurs pour sa mise en œuvre, la nécessité pour l’état d’en faire un pilier central pour l’atteinte de sa sécurité alimentaire tout en préservant son environnement, et, enfin, une prise de conscience de nous tous, consommateurs, du consommer local avec des produits locaux de qualité. A Titre d’exemple, on ne peut comprendre que le Burkina importe des produits laitiers et dérivés pour des dizaines de milliards de F CFA alors que le potentiel existe ».
Un des enjeux majeurs, confie-t-il, réside au développement d’entreprises rurales pour la production de biointrants à savoir les biofertilisants, biopesticides. «Nos sols sont dégradés et peu fertiles. Il y a urgence pour les restaurer et les fertiliser. Une gamme variée de biointrants existe mais reste à renforcer avec des travaux de recherche. C’est une opportunité à saisir», complète l’expert. Pour des jeunes entrepreneurs,« c’est un gisier potentiel important pour la création d’emplois pour les jeunes».
C’est une bonne politique de converger vers l’agroécologie. Comme l’ont bien mentionné les participants, c’est une pratique responsable et à même temps une réponse efficace aux changements climatiques. Nous devons saluer la bonne compréhension du ministère de l’agriculture d’avoir marqué son accord à ce projet salvateur mais surtout à la bonne vision des promoteurs. Des actions doivent être menées au Burkina Faso et dans tous les pays africains en vue d’amener la population et surtout la jeunesse à prendre conscience des enjeux de ce plan. Nous devons tous nous engager pour accompagner ces types d’actions