Agriculture: l’espoir des variétés de sorgho résistantes au striga hermontica et plus précoce pousse au CREAF de Kamboinsin

Agriculture: l’espoir des variétés de sorgho résistantes au striga hermontica et plus précoce pousse au CREAF de Kamboinsin

Le striga est une plante parasite qui entrave fortement le sorgho. Elle peut même engendrer des pertes de rendement allant jusqu’à 100% de la production. Plus crainte des producteurs, le striga hermonthica est présente dans presque toutes les localités du Burkina Faso et attaque en plus du Sorgho, le mil, la canne à sucre, le fonio et certains graminées sauvages. Au CREAF de Kamboinsin (Centre de recherche environnementale Agricole et de formation), au laboratoire de malherbologie des chercheurs ont décidé de trouver des solutions à ce ravageur. Solution presque trouvée. Reportage !

De Emmanuel GOUBA

Début octobre 2023, la saison pluvieuse tire à sa fin. Les agriculteurs s’activent à récolter le fruit de leur travail. A Bagassi dans les Balé, Philippe Lamien est dans son champ de Sorgho. Les semis ont presque bouclé leurs cycles mais l’homme a une satisfaction mitigé. La raison, le striga hermontica a presque eu raison de son champ. Oui cette mauvaise herbe ne fait pas de cadeau aussi dit-il. Cultivateur depuis l’enfance, Philippe dit avoir utilisé des méthodes endogènes pour lutter contre le ravageur. « Quand le striga attaque un champ, il faut procéder à l’arrachage manuelle du striga ou à la fertilisation du champ avec la bouse de vache », a-t-il expliqué. Une méthode efficace mais fastidueuse, selon l’agriculteur. Mais, il a fallu faire avec pour pouvoir espérer récolter.

Des variétés prometteuses

Au laboratoire de Phytopathologie option malherbologie du CREAF de Kamboisin, une solution de lutte contre le striga est en train d’être trouvée. Pour le moment on ne parlera pas de variété mais de lignée car les études ne sont pas encore totalement bouclées. Mais comment, les chercheurs sont parvenus à ces résultats ? Pour la réponse rendez- est pris avec Dr Philippe Nikièma du laboratoire de malherbologie à Boromo, au village D’Assio. Dans une parcelle au cœur des plantations, Dr le sélectionneur observe les semis. Un champ exclusivement de sorgho mais du sorgho qui n’a pas la même physionomie car de taille différentes, de formes différentes mais aussi une différence au niveau de la maturation. Et pourtant, toutes ses variétés ont été mises en terre le même jour. Pourquoi de telles différences assez perceptibles ? Et au Dr de réponde : « c’est l’objectif de l’essai qui consiste à observer le comportement des lignées mutantes par rapport à l’infection de striga hermontica ». « Nous avons évalué des lignées mutantes de sorgho que nous avons développé à l’INERA et nous sommes venus tester en milieu paysans afin d’avoir une appréciation sur leur comportement par rapport à l’émergence ou à la non émergence du striga hermontica par ses lignées mutantes de sorgho ».

Image du striga hermontica

Et pour cela, les lignées mutantes ont été semées avec les autres variétés qui n’ont pas connu de mutation à savoir la variété parent et la variété paysanne.

Pour des questions pratiques, les différentes variétés ont été semées dans de petites parcelles mais tous dans la grande parcelle. A l’observation la différence est nette. Les parcelles abritant les lignées mutantes sont résistantes à striga. En effet, sur la première parcelle, abriant la lignée SL2, il n’y a quasiment pas de striga. Pareille par la lignée SL1 et SL3.

Contrairement à ces lignées les parcelles abritant la variété paysanne et la variété parent sont fortement infesté par le striga. Le contraste est que ces parcelles sont voisines. Mais le constat est que ces variétés sont ensembles mais ne vivent pas les mêmes réalisés. Le striga ravage moins les parcelles abritant les lignées mutantes par rapport aux autres variétés. Un contraste qui s’explique selon Dr Philippe Nikièma. « L’absence de striga n’est pas liée à la parcelle mais au comportement de la lignée mutante », a-t-il expliqué.

Ce n’est pas tout, les lignées mutantes ont des panicules mieux fournies et bien mures comparativement à la variété paysanne et la variété Parent. Un aspect primordial selon Dr Nikièma qui indique que le rendement des lignées mutantes est nettement mieux. Juste à l’observation on n’aperçoit que les panicules des lignées mutantes sont remplies et plus grosses.

 

La variété SL2 en bas et son parent en haut.

L’autre aspect est que les tiges des lignées mutantes sont courtes et plus bâties. Selon le sélectionneur cette qualité des lignées ont jouées en leur faveur pour leur sélection. Il indique que les tiges courtes donnent une certaines résistances à la plante. « Pendant la saison pluvieuse, parfois, il y a des orages accompagnés de grand vents et quand les plantes ont de grandes tailles, les vents peuvent facilement cassés leurs tiges ou tombées. Alors que lorsque la taille est réduite, il y a une certaine vigueur qui permet aux plantes de résister aux mouvements du vent.

Dans le même champ, certains épis sont à maturation, d’autres presque et certains sont encore loin de boucler leurs cycles. Et là encore, ce sont les lignées mutantes qui ont bouclées leur cycle et sont prêts à être récoltées. C’est l’exemple de la lignée SL2 qui a bouclée son cycle alors que la variété parentale vient juste de finir la floraison, pourtant la saison pluvieuse est à terme ou presqu’à terme. Ce qui veut dire que ce n’est pas sûr de pouvoir récolter. Selon les explications de Dr Nikèma, la lignée SL2 a un cycle compris entre 85 et 90 jours contrairement à son parent qui va jusqu’à 120 jours. Et d’ajouter que la précocité est un élément important au regard des changements climatiques qui font qu’il y moins de pluies. « Aujourd’hui, il est difficile de continuer avec des variétés qui a un cycle de 120 jours du fait que la saison pluvieuse peine à couvrir 90 jours », a-t-il laissé entendre. A Boromo, les chercheurs ont trouvé un autre site pour rendre leur résultat confortable.

Les mêmes procédés ont été utilisés et les résultats ont été identiques. C’est-à-dire que les lignées mutantes sont précoces, ont des panicules plus fournies et sont plus résistantes à striga hermontica.

Au CREAF de Kamboisin, il s’agit ici d’évaluer la VAT et la DHS pour voir si les lignées mutantes que nous avons développées est-ce qu’elles sont distinctes de leurs parents et des variétés déjà existantes, également pour voir si elles sont homogènes et stables. Et là encore les hypothèses sont confirmées dira le sélectionneur. A vue d’œil, les lignées mutantes se distinguent de par leurs panicules fournies, leur maturation et de leurs tailles réduites. Après Kamboisin à Ouagadougou, cap sur le Meguet dans le Ganzourgou dans la région du plateau Central. Là des essais en milieu paysans sont faits. Les résultats sont encore pareils sur les deux sites qui ont été mis à contribution. Des producteurs au contact de ces lignées ne cessent d’exprimer leurs satisfactions mais se disent impatients de voir ces lignées être mis sur le marché au profit des producteurs. C’est le cas d’Abdoul Karim Kanazoé, propriétaire de l’un des champs qui a servi aux essais à Meguet. « Les lignées que nous avons utilisées sont bonnes. Nous avons appréciés, le striga ne moyen plus nos semis. Le striga ne détruit peut détruire nos champs comme les années antérieures. Nous prions Dieu que les années à venir vous puissiez nous aider encore », a témoigné l’agriculteur. L’objectif au terme de ces études est de trouver des variétés de sorgho qui vont soulager les producteurs qui souffrent du striga. « Le striga hermontica est considéré comme la plante parasite la plus crainte des producteurs de céréales. Les méthodes de luttes ont été proposés comme les pratiques culturales comme qui consiste à arracher le striga avant la floraison mais c’est une l’arrachage manuel mais cela est fastidieux », a-t-il expliqué comme difficulté dans la lutte contre le striga.

En plus de la résistance à striga avec un cycle court et plus rentable. C’est l’objectif que s’est fixé le laboratoire de malherbologie de Kamboinsin.Ces tests faits à Boromo sur deux sites, aussi dans les aires de l’INERA à Kamboinsin, Institut de l’Environnement et de recherche agricoles à Ouagadougou, à Meguet puis à Fada N’gourma à l’Est du Burkina Faso ont donné les mêmes résultats. C’est donc dire que ces 3 lignées développés par le CREAF à savoir la SL1, SL2 et SL3 sont résistantes à Striga avec un cycle moins court et ont de panicules plus fournies. Selon Dr Nikièma, il reste à évaluer encore la VAT, mais aussi la DHS. Passer ce cap, des démarches pour homologués ces lignées seront faites puis mis sur le marché au profit du monde agricole.

 

Encadré

Processus d’irradiation

« sélection variétale, est celle que nous essayons de promouvoir, mais à l’intérieur de la sélection variétale il y a plusieurs façons de sélectionner. Vous avez par exemple la sélection généalogique, la sélection massale, le retro croisement, l’hybridation et la mutation induite. La mutation induite, c’est ce que nous avons utilisé. Cela a consisté à créer une mutation dans le sorgho de sorte à exploiter les caractères intéressants qui vont apparaître. En partenariat avec l’agence internationale de l’énergie atomique, nous avons irradié les grains de sorgho. La mutation est d’abord naturelle, vous savez que lorsque les conditions sont difficiles il y a certains organismes de vivants qui arrivent à survivre pendant que d’autres meurent mais on a constaté que les organismes vivants qui arrivent à survivre ont muté, cela veut dire qu’il y a eu une mutation qui a permis à ces organismes, de pouvoir supporter les conditions difficiles du milieu. Donc c’est un phénomène naturel. Il y a des mutations naturelles et des mutations provoquées. C’est la méthode que nous avons utilisé, qui a consisté à bombarder les semences avec des raisons gama puisque les études ont montrées qu’on peut provoquer la mutation avec des agents mutagènes. Cela a consisté à mettre dans une machine à programmer à partir de différentes doses et maintenant, on met la machine en marche et l’irradiation a eu lieu. Donc à partir de l’irradiation on n’a semé les graines qui ont été irradié et on a développé les populations mutantes. Au cours de ce développement, il faut dire que ce sont des milliers et des milliers d’individus qu’on a pu développer et c’est à l’intérieur de ces individus qu’on a sélectionné les lignées mutantes que nous avons jugé résistante ou tolérante à striga. Cela veut dire que vous avez développé des lignées milliers de lignées mutantes et vous avez évalué toutes ses mutants-là. Nous avons identifié un certain nombre de lignées qui potentiellement serait résistante à striga mais cela n’a pas suffi, nous sommes revenus en milieu semi contrôlé comme en sert pour vérifier si es liées sont résistantes ou pas. C’est au cours de cela que nous avons pu retenues celles qui sont résistantes et nous sommes revenus encore au laboratoire pour essayer de comprendre, est-ce que ces lignées mutantes vraiment résistantes ou en ce sont des erreurs, qui ont abouti à la sélection de certains. A l’issu de ce travail nous avons pu identifier 3 qui se sont avérées très résistantes».