Agriculture durable au Burkina : l’UICN restitue les résultats d’une étude de cas

L’Union internationale pour la conservation de la nature ( UICN) a réuni des acteurs des organisations et ministères en charge des questions rurales à Manga, le mercredi 6 et jeudi 7 septembre 2023. Cet atelier de discussion vise accélérer l’action visant à intégrer la santé des terres dans l’agriculture durable, en tant que Solution fondée sur la Nature (SfN). Elle entre dans le cadre du projet « Accélérer la transition mondiale vers une agriculture durable – IKEA »

De Frank Pougbila

L’UICN a recruté une équipe de consultants pour la conduite des études de cas sur les résultats du projet Terres d’Opportunités au Sahel (LOGMe) et la formulation de note de concepts pour une mise à l’échelle d’Agriculture Durable afin de valoriser des bonnes pratiques agroécologiques. Des actions qui entrent dans le cadre de la mise en œuvre du Projet « Accélérer la transition mondiale vers une agriculture durable – IKEA ». Il est mis en œuvre dans les régions du Centre Est et du Centre Sud du Burkina Faso dont l’objectif global est d’accélérer l’action visant à intégrer la santé des terres dans l’agriculture durable, en tant que Solution fondée sur la Nature (SfN). C’est-à-dire, une agriculture qui soit bénéfique aux êtres humains mais aussi à la nature. À cet effet, un atelier de restitution des résultats des travaux terrain est organisé à Manga dans le Centre Sud. Débuté le mercredi 6 septembre, la clôture est intervenue le jeudi 7 septembre 2023.

Chargé de projet, Germain Goungounga : « les résultats de l’étude seront publiés sur plusieurs plateformes accessibles au grand public. Des projets naîtront également de cette étude ».

Prenant la parole, le chargé du projet, Germain Goungounga a fait savoir que malgré un contexte sécuritaire du pays difficile, le projet LOGMe a pu s’engager résolument vers des résultats concrets. On peut en outre constater qu’à l’analyse, la plupart des actions entreprises peuvent être considérées comme répondant aux critères de l’agriculture durable selon les critères SfN de l’UICN. « nos actions sont orientées vers des réponses efficaces aux défis de la société à savoir le traitement prioritaire des défis sociétaux les plus urgents pour les titulaires de droits et les bénéficiaires, pour leur bien-être en alimentation, santé, éducation, équité, qualité de vie, information», dit-il. La question d’échelle notamment la reconnaissance et intégration des interactions entre l’économie, la société et les écosystèmes, Echelle Interactions économie-société écosystèmes, synergie avec d’autres secteurs, gestions des risques locaux et au-delà.

L’autre critère de l’agriculture durable est l’avantage nets à la biodiversité et à l’intégrité de l’écosystème. À ce niveau, il y a une réponse à une évaluation factuelle de l’état actuel de l’écosystème et des principaux facteurs de dégradation et de perte pertinence des choix de SfN, enregistrement des résultats et autres effets, suivi-évaluation périodique, perspectives d’amélioration des écosystèmes. Aussi, il y a des résultats clairs et mesurables en matière de conservation de la biodiversité identifiées, comparés et régulièrement évalués.

Des paysans ouverts…

Un membre du comité technique de suivi de la mise en œuvre du projet, Salam Ouédraogo suggère pour un impact durable au niveau des communes, qu’il soit nécessaire de mettre en place des dispositifs endogènes de suivi avec des relais au niveau des services déconcentrés, afin de faciliter la résolution de contraintes comme l’insuffisance d’eau en saison sèche pour les plantes nouvellement mises en terre.

La durabilité passera également par la poursuite de certains appuis des services étatiques déconcentrés, étant donné que la quasi-totalité des thématiques abordées font partie des politiques officielles de l’Etat.

Le Pr Aimé Nianogo, consultant principal, note que le Burkina Faso peut pratiquer l’agriculture durable

Enfin, il note que des conditions d’une mise à l’échelle réussie des activités du projet existent ailleurs au Burkina Faso, ce qui permet d’envisager des initiatives de plus large envergure.Le consultant principal dans le cadre de l’étude, Pr Aimé Nianogo rapporte qu’en réponse aux nombreux défis actuels des systèmes de production agricole, les paysans se montrent ouverts à une démarche visant à rendre leurs pratiques agricoles plus durables. Cette démarche portée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et ses partenaires, a permis d’étudier le cas du projet « LOGMe ». LOGMe a pour ambition d’apporter une contribution significative et durable à la restauration des paysages au Sahel tout en créant des activités génératrices de revenus pour les communautés locales au Burkina Faso, Ghana et Niger. Au Burkina Faso, le projet a porté sur 3 paysages couvrant au total 7 communes dont 3 Centre-Est et 4 au Centre-Sud.

Étude de cas de LOGMe…

Le Pr Nianogo fait savoir que les connaissances et les capacités des acteurs ont été renforcées en matière de liens entre écosystèmes, agriculture et bien-être humain puis, sur les plans organisationnel et professionnel. Les actions conduites ont ensuite porté sur la restauration, la conservation et la valorisation des ressources naturelles ; la production, la transformation et l’amélioration de la qualité des produits agrosylvopastoraux ; la promotion de l’utilisation des énergies renouvelables.
En poursuivant son exposé, le Pr Nianogo rassure que les actions de LOGMe dans le domaine agricole s’alignent sur des critères propres à l’agriculture durable telle que définie par l’UICN . On note également que les conditions de sa mise en œuvre existent ailleurs au Burkina Faso, ce qui permet d’envisager sa mise à l’échelle dans d’autres communes du pays.

Dans ces deux régions adjacentes l’une à l’autre, trois paysages écologiques contigus ont été ciblés dans le cadre de cette étude. Le premier est limité au Nord et à l’Est par le Parc National Kaboré Tambi (PNKT) et le fleuve Nazinon, au Sud par la frontière ghanéenne et à l’Ouest par le Ranch de Gibier de Nazinga (RGN) et un étroit corridor qui relie le PNKT et le RGN. Le Paysage 2 qui inclut la partie Centre et Sud-Est du PNKT et, un petit corridor qui relie le PNKT à des forêts classées du Ghana et le dernier est situé au Nord et à l’Est du Paysage 2.

L’agriculture durable sera bénéfique pour les paysans, selon Salam Ouédraogo, membre du comité technique de suivi du projet.

« Les trois paysages appartiennent à la même Ecorégion (savane ouest soudanienne) et au même Biome (Savane, prairies, arbustes tropicaux et subtropicaux) et totalisent 559 077 hectares. On notera qu’une commune comme Zabré est partagée entre les paysages 2 et 3», foi du consultant.

Approche de l’étude…

Comme approche, plusieurs rencontres ont eu lieu dans les communes de ces paysages, dans le but d’identifier des acteurs locaux dynamiques et influents dans leur milieu. Ces rencontres ont impliqué notamment les mairies communales, les Comités Villageois de Veille et de Développement (COVED), les organisations paysannes (OP), y compris celles des femmes et des jeunes et, les services techniques compétents de l’Etat. Elles ont permis de choisir des sites cibles, sur la base de plusieurs facteurs : écosystèmes et formations favorables, disponibilité et niveau d’intérêt d’acteurs locaux le plus souvent organisés en association, et dans une certaine mesure, le niveau de sécurité ; l’intérêt des acteurs s’est également porté sur la résolution de contraintes de production agricole et de gestion des récoltes, les besoins de revenus complémentaires et l’amélioration du cadre de vie.

Plus-value des actions en lien avec l’agriculture durable

Chacune des réalisations du projet, révèle Pr Nianogo, apporte des bénéfices aux populations. Considérées ensemble, elles permettent d’aller vers une agriculture véritablement durable. « La restauration à partir des solutions fondées sur la nature conservera la biodiversité hors champ et préservera contre la perte d’habitat, tandis que les mesures de conservation des sols et l’utilisation d’intrants biologiques stimuleront la biodiversité au champ dans les paysages agricoles », soutient le chercheur. L’ensemble de ces mesures, poursuit-il, aidera à maintenir la viabilité et la productivité à long terme des terres existantes.

L’autre aspect est la note des concepts. Il s’agit de la Restauration des paysages agraires et promotion des pratiques agro-sylvo-pastorales durables du Burkina Faso (RPASP).Le projet ambitionne d’ améliorer les moyens d’existence des communautés en s’adressant aux causes de la dégradation des écosystèmes naturels et agrosylvopastoraux et de la faiblesse de la productivité et des revenus.

Les activités, comme l’agriculture, élevage, cueillette, transformation des produits forestiers non ligneux, commerce, conduites par les paysans doivent leur permettre de couvrir leurs besoins vitaux notamment l’habitat, l’alimentation, la nutrition, la santé, l’éducation, la formation, l’habillement.

Elles doivent également leur permettre d’améliorer ou de renforcer leur statut socio-économique, notamment à travers un niveau de revenu plus élevé, un capital de savoir et de savoir-faire et un capital naturel (ressources productives présentes sur leurs terres) plus conséquents.

Afin d’avoir des données scientifiques pour vulgarisation en matière d’agriculture durable, Félicité Vodounhessi, coordonnatrice régionale du projet LOGMe, a invité, à l’ouverture des travaux, les participants à des échanges francs afin de permettre à l’UICN et les consultants d’améliorer l’étude de cas sur les résultats du projet LOGMe. Elle souhaite la même chose pour qu’il y ait d’informations et d’amendements pertinents pour la finalisation de note conceptuelle pour une agriculture durable au Burkina Faso.

www.infonature.net