Agriculture burkinabè: le journaliste Sayouba Traoré se prononce

Point de vue de Sayouba Traoré, journaliste à RFI sur l’agriculture burkinabè. M. Traoré anime l’émission “Le coq chante”. 

« Comme dit un slogan publicitaire, «on peut discuter de tout, sauf des chiffres». En effet, les chiffres sont parlants. Ils sont arides et cruels.

Voyons d’abord la production agricole.

Céréales : sorgho, mil, maïs, riz. En tout, 49 millions de quintaux

60.000 tonnes de sésame

600.000 tonnes de niébé

Cultures maraîchères : oignon, tomate, pomme de terre, chou, sur des petites superficies.

Le coton est cultivé sur environ 586.000 ha, pour une production estimée à 760.000 tonnes.

La canne à sucre est cultivée au Burkina Faso particulièrement dans la région des cascades, pour une production marginale.

On a dit «consommons ce que nous produisons». A la vue de ces chiffres, permettez moi d’inverser le mot d’ordre. «Produisons ce que nous consommons.» Et en quantité suffisante.

Voyons maintenant pourquoi nous ne produisons pas assez pour couvrir les besoins nationaux.

Dans notre pays, les terres à vocation agricole sont estimées à 11,8 millions d’hectares, mais seulement 5,7 millions d’hectares sont cultivées. Plus de la moitié des terres cultivables ne sont donc pas exploitées.

C’est, pour l’essentiel une agriculture familiale avec 900.000 exploitations. Des exploitations couvrant environ de moins de 5 ha, soit 72% du total des exploitations. C’est un mode de production artisanal, c’est-à-dire manuel avec des outils rudimentaires et sans intrants en quantité et en qualité suffisante. Résultat : on estime que nous produisons 300 kilogrammes de céréales à l’hectare, contre 8 tonnes à l’hectare ailleurs.

Pour la maîtrise des eaux, nous avons 1.100 barrages dont 40% sont en état de dégradation très avancé, 50% sont en état de dégradation moyennement avancé et seulement 10% sont en bon état. Vous avez bien lu. On a construit des barrages et autres retenues d’eau, mais seulement 10% de ces ouvrages sont fonctionnels. Je vous laisse tirer les conclusions d’une telle situation.

Que nous disent ces chiffres glanés rapidement et sommairement? Ils disent que nous pouvons produire suffisamment pour nourrir les populations. Malgré cela, nous importons des denrées alimentaires, ou nous sollicitons l’aide alimentaire d’urgence.

Je vais dire ici ce que j’ai déjà dit plusieurs fois, et dans d’autres situations. Levons-nous!»

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