Moustiques génétiquement modifiés : des organisations s’opposent à Target Malaria

Des organisations de la société civile engagées dans la veille sur les activités biotechnologiques au Burkina Faso ont animé une conférence de presse, le jeudi 30 mai 2024 à Ouagadougou pour réaffirmer leur refus au projet Target Malaria qui est dans l’expérimentation du forçage génétique au Burkina Faso.

Synthèse de Frank POUGBILA

«Nous exprimons notre ferme opposition aux lâchers de moustiques GM de 2ème phase. Nous exprimons également notre opposition à l’expérimentation du forçage génétique au Burkina Faso et en Afrique. Nous demandons à l’ANB (Agence Nationale de Biosécurité) de prendre ses responsabilités en tant qu’institution de contrôle des activités biotechnologiques sur le territoire national, en refusant d’accorder encore une autorisation de lâcher de moustiques», c’est la déclaration de plusieurs organisations contre le projet de l’expérimentation des moustiques génétiquement modifiés.

Ali Tapsoba ( au milieu) a dénoncé le projet Target malaria

Composée de la COPAGEN, COASP, AfriTap, FIAN Burkina Faso, Terre à vie et le CNABio, cette coalition s’exprime au nom des organisations de la société civile engagées dans la veille sur les activités biotechnologiques au Burkina Faso.

En conférence de presse, le jeudi 30 mai 2024, les organisations informent que depuis six ans, il se mène au Burkina Faso des activités biotechnologiques sur des manipulations génétiques de moustiques qui impliquent la libération dans la nature des moustiques à impulsion génétique (forçage génétique).

Cette manipulation est faite par le projet Target malaria avec pour objectif de réduire, voire supprimer, la population de moustiques responsables du paludisme.

Selon la déclaration liminaire lue par Ali Tapsoba, président de Terre à vie, le projet Target Malaria a conçu une expérimentation complexe comportant 3 phases, chacune portant sur une souche particulière de moustiques génétiquement modifiés (moustiques GM). Les deux premières phases portent sur les moustiques GM sans impulsion génétique et la dernière phase va porter sur les moustiques à impulsion génétique.

«Il vous souviendra que le 1er juillet 2019, dans le cadre de sa première phase, le projet a procédé, par le biais de  Institut de Recherche en Sciences de la Santé au lâcher des moustiques GM (au nombre de 6 400) à Bana, une commune rurale du département de Bobo-Dioulasso malgré les protestations de la société civile burkinabè.

 Dans cette démarche, il faut préciser que le groupe relai de la société civile qui assurait la veille, n’a été informé que 48h avant et de surcroit un vendredi pour une opération qui devait se passer le lundi ; ce qui ne lui laissait aucune possibilité de recours»,  dit-il. Et d’ajouter qu’actuellement, le projet travaille sur la deuxième phase qui concerne une autre souche de moustiques GM et il est prévu à terme un second lâcher.

Les conférenciers font savoir que du point de vue de la règlementation, les expérimentations menées ici au Burkina Faso par le projet Target Malaria ne sont pas en phase avec la Loi n° 064-2012/AN du 20 décembre 2012 portant régime de sécurité en matière de biotechnologie prévue pour régir les OGM classiques et non de forçage génétique.

Elles ne sont pas non plus en phase avec les conventions internationales que le Burkina Faso a ratifiées notamment le Protocole de Carthagène sur la prévention des risques biotechnologiques qui militent pour le respect strict du principe de précaution.

«Même le supposé consentement au niveau local que Target malaria dit avoir obtenu, ne saurait être valable. En effet, comment des populations qui n’ont pas une connaissance approfondie des questions liées aux activités biotechnologiques, peuvent consentir valablement à leur mise en œuvre ?», s’interroge Ali Tapsoba.

Les médias étaient présents

Citant des études et rapports de plusieurs organisations internationales qui démontrent l’inefficacité mais aussi une inquiétude sur le projet, les membres de la société civile, assurant la veille sur les activités biotechnologiques, demandent l’arrêt immédiat du projet Target malaria au Burkina Faso.

Pour eux si l’objectif du projet Target malaria est d’en finir avec le paludisme au Burkina Faso, il existe des solutions plus saines pour y parvenir. « il s’agit de une bonne politique d’aménagement du territoire , la mise en place d’une bonne politique d’assainissement de nos cadres de vie qui implique les communautés à la base , la promotion de certaines plantes réputées efficaces comme l’artémesia et autres contre le paludisme», ont-ils énuméré.

En plus de ces solutions, ils encouragent la vulgarisation du vaccin mis au point à Nanoro par des chercheurs Burkinabè et validé par l’OMS. Ils réaffirment leur refus d’être des «cobayes d’une science hasardeuse».

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