Ressources naturelles : conflits aux abords du parc W

« Contenir l’insurrection jihadiste dans le Parc W en Afrique de l’Ouest». C’est le titre du Rapport Afrique de Crisis Group N°310, 26 janvier 2023 . Les experts abordent aussi des cas de conflits aux abords du Parc national W. Info Nature fait la synthèse. 

✍️ Frank Pougbila 

La demande croissante de terres aux abords du parc a engendré des conflits meurtriers ces dernières années. Les tentatives des agriculteurs d’empiéter sur les zones pastorales désignées et les couloirs de transhumance endommagent souvent les cultures et conduisent parfois à des affrontements violents entre agriculteurs et éleveurs.

La Compétition croissante pour les terres menace également les pactes fonciers établis de longue date avec les premiers arrivants qui se considèrent comme les propriétaires légitimes et les nouveaux venus dont les revendications sont juridiquement plus fragiles.

Les résidents de longue date considèrent notamment les éleveurs en majorité peul et récemment arrivés dans les environs du parc comme des étrangers n’ayant aucun droit sur les terres. Le nord du Bénin est le théâtre d’affrontements récurrents entre éleveurs et agriculteurs, qui ont tenté à plusieurs reprises d’expulser ceux qu’ils considèrent comme de nouveaux arrivants.

En parallèle, l’effondrement de l’appareil policier du Burkina Faso en 2014, à la suite d’un soulèvement populaire contre le président Blaise Compaoré, a aggravé le vide sécuritaire dans les zones rurales, en particulier dans les forêts reculées de l’est.

Les braquages, les extorsions à des barrages routiers improvisés et les vols de bétail ont augmenté à mesure que les bandits se regroupaient dans les zones boisées.

En 2016, les villageois des deux côtés de la frontière entre le Niger et le Burkina Faso ont commencé à mettre en place des groupes d’autodéfense, connus sous le nom de Koglweogo (« gardien de la brousse », en mooré), pour assurer leur sécurité.

Ces Groupes, connus pour avoir infligé des châtiments corporels sévères aux criminels présumés, ont réussi à chasser les bandits les plus notoires de la région, mais nombre d’entre eux sont revenus lorsque les insurgés se sont implantés dans le parc.

Plus généralement, les faiblesses de l’Etat de droit autour du Parc W ont incité de nombreux habitants à s’armer, d’abord de fusils de chasse, puis d’armes plus sophistiquées, ce qui a aggravé la violence des conflits.

Le Parc W s’étend sur près de 10 300 km², aux confins du Bénin, du Burkina Faso et du Niger. La réserve fait partie du complexe W-Arly-Pendjari (complexe WAP), un ensemble de plusieurs parcs qui constituent l’une des plus grandes aires protégées d’Afrique de l’Ouest.

Il abrite certaines des dernières populations viables de grands mammifères de la région, comme les lions, les éléphants et les guépards. Comme son nom l’indique, le WAP comprend le parc national d’Arly au Burkina Faso et le parc national de la Pendjari au Bénin, ainsi que plusieurs réserves et zones de chasse voisines.

En 2017, l’UNESCO a ajouté le complexe WAP à sa liste du patrimoine mondial, citant sa taille, ses écosystèmes, sa biodiversité et son importance en tant que refuge pour la faune qui a disparu ailleurs en Afrique de l’Ouest.

📸MCG ( sur Google)

www.infonature.net