Promotion de l’agroécologie paysanne : la COPAGEN présente sa feuille de route aux médias

La Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN) a rencontré la presse le 1er août 2024 à Ouagadougou. À l’ordre du jour, la présentation de la feuille de route commune élaborée pour la promotion et la mise à échelle effective de l’agroécologie paysanne.

Le présidium composés d'acteurs du monde paysan de plusieurs pays l'Afrique de l'ouest
Le présidium composés d’acteurs du monde paysan de plusieurs pays l’Afrique de l’ouest

✍️De Frank POUGBILA 

Dans la volonté de renforcer leurs synergies d’actions dans la promotion et la mise à échelle de l’agroécologie paysanne dans la sous-région ouest-africaine, des plateformes et réseaux de l’Afrique de l’Ouest, ainsi que des organisations de la société civile du Burkina Faso, étaient en conclave à Ouagadougou. Du 30 juillet au 1er août 2024, ils ont élaboré une feuille de route commune pour la promotion de l’agroécologie paysanne en Afrique occidentale.

Ayant pris l’engagement de collaborer pour promouvoir cette pratique agricole soucieuse de l’environnement et du bien-être humain et animal au sein de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN), les organisations attendent renforcer les compétences de leurs membres sur l’analyse critique des politiques et programmes, piloter des campagnes de plaidoyers collectifs pour la reconnaissance et la valorisation de la recherche paysanne.

Elles comptent produire des évidences pour mieux défendre la cause et mettre en œuvre des dispositifs d’appui-conseil. « Un autre point de la conclusion des travaux est la vulgarisation des modèles réussis en matière de subvention de bio-intrants et la mobilisation de ressources axées sur des dispositifs endogènes », a dit le Secrétaire exécutif de la COPAGEN, Jean-Paul Sikeli, de la Côte d’Ivoire.

Les semences paysannes… propices à l’agroécologie paysanne

Dans la lecture du document de synthèse des travaux, le Secrétaire exécutif fait savoir que la véritable agroécologie est celle qui est pratiquée par les paysans. Les semences paysannes sélectionnées par les agriculteurs, adaptées à leurs terroirs et leurs modes de production, sont plus propices à l’agroécologie paysanne. « Ces variétés, qui souffrent d’un manque de reconnaissance officielle, sont pourtant de loin les meilleures sur plusieurs aspects », a ajouté Monsieur Sikeli. Pour ces défenseurs des droits des paysans, pour une souveraineté alimentaire, il faut impérativement compter sur l’agroécologie paysanne.

Le secrétaire exécutif de la COPAGEN, Jean-Paul Sikeli, faisant la synthèse des travaux

D’ailleurs, au cours des quatre jours d’échanges, les acteurs ont clarifié des concepts voisins, à savoir le droit à l’alimentation et la souveraineté alimentaire. La dimension de la souveraineté alimentaire, font-ils savoir, est plus large, plus opérationnelle, plus pratique et plus appropriée pour les pays ouest-africains que ne l’est le droit à l’alimentation qui est focalisé sur la sécurité alimentaire en oubliant l’origine. « Le champ d’action de la souveraineté alimentaire déborde et dépasse aussi le simple cadre de l’autosuffisance alimentaire », soutient le Secrétaire exécutif.

Obstacles et acquis…

La transition agroécologique se heurte aux crises environnementales, climatiques, sanitaires, sécuritaires et alimentaires, ainsi qu’au « quasi-monopole d’une poignée de firmes agroalimentaires comme Syngenta, Bayer, Corteva, BASF, qui dominent l’industrie agroalimentaire, leur but étant de contrôler ce secteur d’activité stratégique ».

Les acteurs de la Copagen ont apporté des réponses aux préoccupations des journalistes

Toujours au chapitre des obstacles auxquels se heurte l’agroécologie paysanne, un concept créé par les mouvements sociaux contenu dans le Manifeste de Nyéléni, on retient l’accès aux financements, aux ressources productives notamment la terre, l’eau, l’accès aux semences et aux intrants organiques. À ceux-là s’ajoutent l’accès aux marchés profitables et durables, la difficulté de reconnaissance politique et l’accès aux données.

En dépit de ces contraintes, les mouvements sociaux ont des initiatives de développement et de diffusion des techniques agroécologiques comme acquis. De même, des initiatives de recherche-action et de recherches fondamentales, des actions de développement de marchés pour les produits agroécologiques, de l’appui aux femmes, des formations et installations de jeunes dans des systèmes agroécologiques et des transformations de politiques sont à comptabiliser dans les succès des mouvements sociaux.

Questions de la presse

Sur l’interrogation du journaliste Issouf Ouédraogo, de Libre Info, sur la contribution des mouvements sociaux à la concrétisation de la politique gouvernementale de l’offensive agro-sylvo-pastorale au Burkina Faso, le Directeur du bureau national de Inades-Formation, Isidore Della, a informé que les organisations paysannes ont fait des propositions. Selon lui, un cadre mis en place au sein du SPONG a formulé des suggestions qu’il a reversées aux autorités politiques.

Isidore Della, du Burkina, invite les journalistes à être des acteurs du changement en accompagnant les mouvements sociaux.

Au regard de l’occupation des médias par les multinationales des firmes semencières, des pesticides chimiques de synthèse et des organismes génétiquement modifiés, quelles actions de communication pour contrer cette menace sur l’agroécologie ?

Les journalistes ont pris connaissance de la synthèse des travaux
Les journalistes ont pris connaissance de la synthèse des travaux

À cette question de Frank Pougbila, de Info Nature, Aïssata Yattara de la Guinée, membre de la COPAGEN, suggère un renforcement des capacités des journalistes afin de faire d’eux des alliés. Seydou Sawadogo, du Conseil national pour l’agriculture biologique, invite la presse à produire de grands reportages sur les impacts négatifs des produits chimiques et des semences améliorées.

Mamadou Goïta du Mali, Directeur exécutif de l’Institut de recherche et de promotion des alternatives en développement (IRPAD), souligne que les multinationales ont la volonté de coloniser l’Afrique sur le plan alimentaire. D’où son invite aux Hommes de médias à exercer leur pouvoir pour informer, conscientiser et mobiliser les Africains à la consommation locale de ce que « nous produisons ».

Mamadou Goïta du Mali donnant les éléments de réponse aux médias

Dans son institut, des formations sont faites au profit des journalistes pour les engager dans la cause des paysans. Les membres de la COPAGEN ont indiqué qu’il existe un guide pratique sur l’agroécologie et dans les prochains jours, un manuel sera rédigé au profit des médias pour une bonne compréhension de la lutte des mouvements sociaux.

Cette activité s’inscrit dans le cadre du Programme « Appui à la transition agroécologique par les OSC en Afrique de l’Ouest » soutenu par OXFAM. La COPAGEN a été mise en place en 2004.

Lire aussi : Du théâtre pour promouvoir l’agroécologie 

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