Parc National du W du Burkina Faso : un parc aux énormes potentialités
Le Parc National du W fait partie d’un réseau transfrontalier d’aires protégées entre le Burkina Faso, le Bénin et le Niger. D’une superficie totale de 1 023 000 hectares, dont 220 000 hectares pour la partie nigérienne, 568 000 hectares pour la partie béninoise et 235 000 hectares pour la partie burkinabé, ce réseau constitue le plus vaste domaine de conservation de la biodiveriték pour l’Afrique de l’Ouest. Le Parc National du W du Burkina Faso est localisé dans la province de la Tapoa, située dans la partie orientale du pays et s’étend entre les parallèles 11°30’ et 12°25’ de latitude Nord et les méridiens 1°55’ et 2°30’ de longitude Est.
Créé le 4 août 1954, son statut a connu beaucoup de modifications entre 1926 et 1954. Ainsi, l’arrêté du 16 avril 1926 précisait la création d’un parc de refuge constitué par l’actuel Parc National du W du Burkina Faso et celui du Niger. Ensuite, l’arrêté N°2606 du 14 avril 1953 devrait annuler le précédent en ce qui concerne la partie du parc de refuge située en territoire burkinabé et fut transformée en réserve totale de faune. Cette réserve est transformée en Parc National le 04 août 1954 par l’arrêté N°6009 SET
Son nom W, vient de la forme du lit du fleuve Niger qui constitue sa limite nord. Aussi, le parc W représente depuis le 11 Novembre 2002, le seul exemple de reserve de Biosphèrek Transfrontalière (RBT) du continent africain. Toutefois, son mode de gestion diffère toujours d’un pays à l’autre.
Statut et mode de gestion
Le parc national du W du Burkina Faso appartient à la catégorie II des aires protégées de l’UICN. Bien que la fauche de la paille et la cueillette des fruits de baobab y soient autorisées et régulées, cette aire protégée conserve toujours son statut suivant la dénomination de l’UICN. Toutefois, ces permissions pour la subsistance des populations riveraines ne devraient en aucune manière avoir d’incidences négatives sur les objectifs de gestion. Les stratégies de gestion se résument en deux points fondamentaux à savoir:
La surveillance et le suivi écologique
Ce programme s’exécute à travers les patrouilles, l’entretien de certaines infrastructures, la réfection du réseau de pistes et la mise des feux d’aménagement. La surveillance est assurée par les forestiers qui sont appuyés par des pisteurs et des éclaireurs résidant dans les villages riverains. L’ouverture des pistes se fait annuellement à la fin de la saison pluvieuse et après les feux précoces.
Le tourisme de vision
Le tourisme de vision constitue la principale activité génératrice de revenus dans le parc du W. La grande faunek et l’avifaunek constituent le principal objet d’attraction des visiteurs. La période de vision se situe entre les mois de Décembre et Mai. Dans le cadre de l’éducation environnementale, des visites guidées sont organisées chaque année au niveau du scolaire et du secondaire dans le cadre du programme ECOPAS (Écosystèmes Protégés en Afrique Soudano-Sahélienne).
Toutefois l’activité touristique reste à promouvoir car les recettes générées actuellement sont insignifiantes pour la gestion des parcs comparativement aux ressources financières générées par la chasse sportive pratiquée dans les réserves partielles. Par conséquent, depuis leur création, les parcs comme celui du W sont souvent perçus comme étant contre l’interêt des populations riveraines.
La biodiversité du parc national du W
La faune
La faune du parc W est très diversifiée. On y rencontre près d’une centaine d’espèces de mammifèresk dont presque tous les géants de la savane. La grande faune est représentée essentiellement par les Hippotragues (Hippotragus equinus koba), les bubales (Alcelaphus buselaphus major), les buffles(Syncerus caffer savanensis), les éléphants (Loxodonta africana), les lions (Panthera leo), les hippopotames (Hippopotamus amphibus), les cobs defassa (Kobus ellipsisprymnus defassa), les cobs de buffon (Kobus (Adenota) kob kob), les guibs harnachés (Tragelaphus scriptus scriptus), les phacochères (Phacochoerus africanus) et les cynocéphales. Il y aurait également environ 534 espèces d’oiseaux.
Végétation et flore
La végétation est constituée majoritairement de savanes arborées, arbustives et herbeuses et localement de forêts claires ainsi que de forêts ripicolesk. Elle renferme environ 500 espèces de plantes supérieuresk et de grands arbres emblématiques comme le baobab (Adansonia digitata), le rônier (Borassus aethiopum), le néré (Parkia biglobosa), le karité (Vitellaria paradoxa), le kapokier à fleurs rouges (Bombax costatum), le bouleau d’Afrique (Anogeissus leiocarpa), le lingué (Afzelia africana), le doka (Isoberlinia doka). En outre, on y trouve de nombreuses espèces menacées de disparition dans les villages riverains dont notamment certaines plantes médicinales telles que l’ébène de l’ouest africain (Diospyros mespiliformis), le caïlcédrat (Khaya senegalensis), le saucissonnier (Kigelia africana), le cèdre de zone sèche (Pseudocedrela kotschyi) et l’arbre à encens (Boswelia dalzielii). Enfin, il existe une florek particulière renfermant des espèces du secteur phytogéographiquek sud-soudaniennes comme Kigelia africana, Monotes kerstingii, Syzygium guineense, Dombeya multiflora, etc.
Interaction faune-flore
Il existe une symbiose entre la faune et la végétation. Les animaux tels que les oiseaux, les éléphants, les chauves souris et les singes sont des grands disséminateurs des diasporesk des espèces végétales et catalysent la germination de certaines graines consommées.
Fréquemment on rencontre dans les déjections d’éléphant des graines de plusieurs espèces de plantes telles que Adansonia digitata, Acacia gerrardii, Acacia sieberiana, Acacia gourmaensis, Balanites aegyptiaca. D’une grande mobilité, les singes, les chauves souris et les oiseaux disséminent surtout les graines des espèces à fruits sucrés (Annona senegalensis, Sclerocarya birrea, Adansonia digitata, Detarium microcarpum, Tapinanthus sp., Vitellaria paradoxa, Lannea microcarpa, Ficus sp. et Parinari curatellifolia). Toutefois, les impacts de la grande faune notamment les éléphants sur les formations et certaines espèces (Adansonia digitata, Acacia sieberiana, Pterocarpus erinaceus) sont aussi très remarquables. Les dégâts sont beaucoup concentrés dans les écosystèmesk humides en l’occurrence les galeries forestières et les forêts claires où les éléphants restent le plus souvent toute la journée, du fait de l’ombrage et de la proximité de l’eau.
Des écosystèmes exceptionnels
Les paysages du parc W sont divers et exceptionnels; on y rencontre de vastes étendues de prairies aquatiques et de savanes herbeuses, sans oublier les massifs rocheux (Gobnangou, Atakora) ainsi que les nombreuses collines du haut desquelles on a une vue impressionnante sur l’ensemble du parc. C’est dans les environs du parc W que le Gobnangou la plus importante chaîne gréseuse de la partie Est du Burkina Faso prend sa source.
✍️Blandine M.I. NACOULMA, Oumarou OUEDRAOGO, Zones d’importance écologique
📸3TV
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