Hausse du prix des intrants agricoles : les agriculteurs agonisent et l’espoir d’un engrais national et moins cher pousse à l’INERA
La campagne agricole 2022-2023 ne ressemble pas aux années antérieures. Cette année, les producteurs doivent faire face à la flambée du prix des intrants agricoles. Une augmentation du prix des intrants dû en partie à la crise en Ukraine qui produisait près de 50% des engrais chimique vendu sur plan mondial, mais aussi la pandémie de la Covid-19, qui avait impacté l’importation et l’exportation des engrais selon les explications de Dr Jacques Sawadogo, chercheur à l’Institut de l’environnement et de Recherches agricoles du Burkina (INERA), coordonnateur du laboratoire sol, eau, plantes la COVID 19. Dans ce reportage, des producteurs livrent leurs inquiétudes pour la saison. Dr Jacques Sawadogo, lui parle des engrais naturels « made in Burkina » notamment le CBKca et le PAPR et qui augure de bons rendements agricoles.
Lundi 4 juillet 2022, bienvenue à Gouaghin, petit village situé à cheval entre Koubri et Kombissiri. L’agriculture est l’activité principale des populations de ce village comme dans toute la région du Centre Sud. En cette matinée du mois de juillet, Emmanuel Compaoré, la soixantaine remplie est dans son champ d’une superficie d’un peu plus d’un terrain de football. Bonnet sur la tête, le vieux Compaoré à l’aide sa daba est en train sarcler son champ de gombo qui occupe une bonne partie de sa surface emblavée. Il profite de la fraicheur matinale pour faire le maximum de travail avant que le soleil n’aille au zénith avec ses rayons cinglants. Son épouse assise au bord du chant sur un petit tas de terre observait sa trêve.
Pour cette saison, dame nature est clémente. « L’année dernière à pareil moment, on n’avait pas encore labouré mais cette année, vous constater que nous sommes en train de sarcler », confie l’agriculteur. Jusque-là, son champ respire et donne espoir d’une bonne récolte. Mais, l’avenir de ces beaux semis inquiète le vieux. La raison dit-il : les terres sont devenues arides, et ont besoin d’engrais pour l’épanouissement des semis, alors que les prix des intrants agricoles notamment les engrais ont connu une flambée non négligeable. « L’an passé, nous avons acheté le sac d’engrais à environ 17 500 F CFA, cette année les prix sont montés à 30 000 CFA », a-t-il déclaré. Pour lui, ses revenues ne lui permettront pas de se procurer de l’engrais à ce prix. Son souhait est que l’Etat prenne des mesures pour soulager les agriculteurs.
La même difficulté et le souhait du vieux Compaoré est partagé par son voisin Idrissa Kafando. Lui, laboure son champ avec sa femme à l’aide d’une charrue, tractée par un bœuf. Les mains sur la charrue, il confie que la saison s’annonce bonne, sauf que la flambée des prix des intrants qui inquiètent. « Si l’Etat n’intervient pas, nous n’allons pas nous en sortit avec ses prix à la hausse avec cette morosité économique que nous connaissions », s’est-il lamenté.
A Ouaga et à Ziniaré le prix des engrais est décrié
Dans la capitale burkinabè des agriculteurs ne supporte pas le coup de l’engrais. « On ne peut plus payer un sac d’engrais, si ce n’est pas en détail », a lâché Albert Tapsoaba, jardinier aux abords du barrage de Tanghin. Pour lui, ses rendements agricoles ne lui permettent pas de s’acheter un sac d’engrais à plus de 30 000 F. Conséquence, il est obligé de se rabattre à la vente en détail. Même son de cloche pour Salif Bélem voisin) Albert Tapsoaba. Il explique, que comparativement à l’an dernier (ndlr : 2021), les prix ont doublé.
Dans l’Oubritenga, le constat est aussi amer. C’est du moins ce que l’on retient du champ de maïs de Maxime Ouédraogo le jeudi 4 août 2022. La trentaine remplie, il est père de famille. Monsieur ouédraogo a quitté Kaya pour résider Saksa, un petit village non loin du péage de Ziniaré. Son champ est entièrement clôturé. Une partie du maïs est déjà en phase de montaison comparativement à l’autre partie qui est encore au stade de la levée. Cela est dû au fait que les semis n’ont pas été plantés aux mêmes moments. Ce jour, Maxime et sa famille est en train de sarcler le champ de maïs encore au stade de la levée. « A cette étape je devais apporter de l’engrais au semis avant de sarcler mais comme je n’ai pas les moyens, je suis obligé d’abandonner ce projet de fertilisation », a-t-il lâché. « Vous voyez, que certaines tiges commencent à jaunir, c’est par manque de fertilisant », a-t-il dit en montrant les semis qui commencent à prendre la couleur jaunâtre.
Sans être spécialiste de l’agriculture, il estime que c’est parce que le Burkina exporte l’engrais que les coups sont très élevés. « Avec l’augmentation du prix du carburant et autre, il est normal que le prix des intrants augmentent ne serait-ce que le prix du transport », a-t-il supposé. Il nourrit l’espoir de voir le Burkina Faso fabriquer son propre engrais.
Le CBKca et le PAPR : de nouveaux engrais en téléchargement
Au niveau de la recherche, des travaux sont en cour pour mettre à la disposition des agriculteurs de l’engrais entièrement « made in Burkina ». Jeudi 14 juillet 2022, Dr Jacques Sawadogo, chercheur à l’INERA, coordonnateur du laboratoire, sol, eau plantes de l’INERA Kamboinsin CREAF est en plein travaux. Dans son bureau d’une surface d’une maison « entrée-couché » (studio) le chercheur ambitionne fabriquer avec son équipe de l’engrais à base du Burkina phosphate (ndlr : produit par la société d’exploitation du Burkina, dont la matière se trouve à Fada à Kantchari).
Le rêve est grand mais le bout du tunnel n’est plus loin. L’engrais a déjà pris forme et les échantillons ont été testés et les résultats sont concluants, selon les explications de Dr Sawadogo. Ces engrais portent le nom de « phosphate naturel calciné et phosphate naturel calciné ». Mais qu’est-ce que c’est exactement ? Pour répondre à cette question le chercheur nous conduit dans son magazine. C’est dans ce lieu qu’il fabrique les échantillons. Dans cet espace des sacs et des machines sont entreposés. Le bruit des machines raisonne, rendant l’écoute difficile, Dr est obligé de parler fort pour se faire entendre. Il profite de l’occasion pour savoir si les techniciens suivent à la lettre ses prescriptions. « Ces travaux ont débuté en 2017 et les résultats finaux sont attendus pour novembre 2022 ». « Tout se passe bien sauf que nous sommes quelques fois en manque du KCL, mais cela est résolu », a-t-il dit.
Des résultats visibles du CBKca et le PAPR
Après, la petite usine, Dr Jacques nous conduit, dans le champ d’expérimentation. D’un périmètre d’un peu plus de deux salles de classes jumelées et entièrement couvert avec une moustiquaire blanche, ce sont deux engrais qui sont testés. « Il s’agit du PAPR et du CBKAca». Pour le PAPR, il y a trois types, celui de 75, celui de 50 et celui de 100. C’est simplement au niveau de l’acidulation ». Ici P veut dire Phosphate, A veut dire acidulé, le deuxième P veut dire encore Phosphate et le « R » veut dire Rock. Le PAPR, lui veut dire phosphate naturel acidulé.
Le chercheur accompagné d’une de ses stagiaires explique que les tests ont été faites en tenants compte du pays pauvre, moins pauvres et plus aisés. Pour se faire, il faut chercher à savoir quel rendement l’agriculteur qui n’a pas eu l’argent gagne contrairement à l’agriculture qui a eu les moyens pour s’approvisionner en engrais. « On a un premier traitement ou on ne met pas d’engrais, un autre traitement ou on apporte des engrais à 100% ou on combine ».
Dans ce champ d’expérimentation tout est beau. La verdure des plants confère une beauté naturelle au lieu. Les épis du sorgho sont bien en forme, sauf que la chaleur est intenable. Mais apparemment, les habitués du lieu s’y plaisent. « Il fait moins chaud même, c’est parce que vous n’êtes pas venues en avril, sinon vous aller fuir », ironise Dr. Tout enthousiaste Dr Sawadogo saisit une tige de Sorgho, et laisse entendre : à la récolte, nous allons juste couper l’épis, sécher, décortiquer pour avoir les grains, peser les grains pour connaître le taux d’humidité pour calculer le rendement.
Des avantages du CBKca et du PAPR
Ces engrais seraient plus bénéfique pour les agriculteurs Burkinabè par rapport au engrais chimiques. Déjà Dr note que le phosphate naturel calciné est un engrais idéal pour les carencé en phosphore alors que les sols Burkinabè manquent de phosphore. En plus, ces engrais naturels sont plus rentables. « Puisqu’on va utiliser le soleil et nom le courant de la Sonabel (société nationale d’électricité du Burkina) pour calciner. Il y a la disponibilité immédiate de l’engrais, puisqu’à l’issu de cela, quand on va remettre à la société d’exploitation Burkina phosphate qui va maintenant produire l’engrais à grande échelle pour mettre cela à la disposition des producteurs et ce sera disponible à l’intrant. Il y aura des dépôts dans chaque région », a-t-il expliqué. Il rajoute que la disponible au Burkina Faso en quantité en l’occurrence le phosphate. « Il y a des milliers de tonnes de phosphate Burkina Faso. C’est parce qu’on a remarqué qu’il y en a et que les gens n’utilisent pas que nous avons entrepris ce projet », a-lancé.
Cette nouvelle technologie devrait soulager les agriculteurs Burkinabè tout en valorisant le phosphate Burkinabè. Une fois, terminer ce serait sans doute tous les Burkinabè qui vont bénéficiers des fruits de ces recherches du Dr Jacques Sawadogo.
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Félicitation à vous pour l’initiative,, j’aimerais juste savoir comment se passera la calcination durant les périodes où il n’y aura pratiquement de soleil !? Merci.