Agriculture : « l’Agriculture conventionnelle rend nos paysans dépendants », Fulgence Yaméogo, coordonnateur de l’Association le Baobab
Dans un entretien accordé à Info Nature, Fulgence Yaméogo, coordonnateur de l’Association le Baobab a expliqué quelques avantages de l’agriculture écologique. Il a aussi défendu que l’agriculture bio serait orpheline par rapport à celle conventionnelle.
Par Noé Bassolé
À ceux qui estiment que l’agriculture conventionnelle ( une agriculture ou les traitements sont réalisés grâce à des produits chimiques plus ou moins nocifs) est plus bénéfique que l’agriculture bio ( sans produit chimique), Fulgence Yameogo, coordonnateur de l’association Le Baobab n’est pas de cet avis.
Pour lui, si l’agriculture conventionnelle semble donner un meilleur rendement, c’est grâce au soutien qu’il bénéficie. Il estime que l’agriculture conventionnelle bénéficie plus de subvention au détriment de l’agriculture bio. « Pensez-vous que l’agriculture conventionnelle tiendrait le coup, si elle n’est pas subventionnée ?», s’interroge-t-il.
« On n’injecte pas beaucoup d’argent dans une forme d’agriculture qui donne ses résultats et on veut la comparer en terme de compétitivité sur l’agriculture orpheline de financement», a-t-il martelé.
Par ailleurs, Monsieur Yaméogo souligne que l’agriculture conventionnelle rend les agriculteurs dépendants. Pour preuve, il explique que l’agriculture conventionnelle utilise des semences qui ne sont pas reproductives en elle sur le temps.
Autrement dit, il est difficile d’utiliser les récoltes de l’agriculture conventionnelle pour en faire une semence. La conséquence, selon lui, est que le paysan qui est habitué à réserver une part de ses récoltes pour semer au prochain hivernage ne peut plus faire autant.
Ainsi, dit-il, le paysan est donc contraint de se tourner vers la recherche et l’Europe avant de commencer sa saison car il n’est plus capable de produire sa propre semence. Une situation qui l’inquiète et qui lui amène à s’interroger sur l’avenir de l’agriculture, toutefois si l’on persiste dans l’agriculture conventionnelle.
« Pensez-vous que si tous les agriculteurs se lancent dans l’agriculture conventionnelle en utilisant les semences améliorées, est-ce que la recherche serait en mesure de livrer la semence à 20 millions de Burkinabè ?» s’interroge-t-il.
Une lueur d’espoir pour l’agroécologie au Burkina
L’agroécologie fait son petit bonhomme de chemin, selon Fulgence Yaméogo. C’est une pratique qui, selon lui, a fait un grand pas depuis une dizaine d’années. « C’est devenue une pratique qui est en train de se développer. Il y a des boutiques de produits bio, on a des acteurs qui créent des fermes individuelles»a-t-il relevé.
Cela lui convainc que le message de l’agriculture écologique est en partie compris et que les populations prennent de plus en plus conscience de son impact.
Yaméogo affirme également que les autorités ne sont pas en marge de la promotion de l’agroécologie. « Il y a un peu de changement au niveau des autorités qui vont vers l’accompagnement de l’agroécologie à travers des curriculas, des centres de formations qui vont bientôt intégrés des échanges dans l’espace UEMOA»,a affirmé le coordonnateur de l’Association le Baobab.
«Cela bouillonne, on reconnaît qu’on niveau de l’agroécologie, cela avance”, s’est-il réjoui.
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