28e Journée Mondiale de la Lutte Contre la Désertification et la Sécheresse: la ministre en charge de la question déplore la perte de 470 000 hectares de terres chaque année au Burkina

À l’occasion de la commémoration de la 28e Journée Mondiale de la Lutte Contre la Désertification et la Sécheresse, la ministre de l’Environnement, de l’Énergie, de l’Eau et de l’Assainissement  déclare: ” Le Burkina Faso perd 470 000 hectares de terres chaque année”. Lisez plutôt l’entièreté de son message.

<< Mesdames et Messieurs, chers concitoyens, citoyens du monde,

Le 17 juin de chaque année, est célébrée la « Journée Mondiale de la Lutte Contre la Désertification et la Sécheresse ». L’année 2022 marque le 28ème anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification et la Sécheresse (CNULCD). Elle s’inscrit dans la dynamique de sensibiliser le public sur la désertification et la sécheresse afin de susciter une participation et une coopération communautaire renforcée à tous les niveaux.

La célébration de cette année 2022 est placée sous le thème : “ Relevons-nous de la sécheresse ”. Ce thème rappelle la problématique urgente de la sécheresse à l’échelle mondiale et nous interpelle pour une mobilisation communautaire renforcée autour de la question. Le thème a été retenu dans la dynamique de soutenir les réflexions en matière de sécheresse menées à la quinzième session de la Conférence des Parties (COP15) à la CNULCD qui a pris d’importantes décisions relatives au renforcement de la résilience face à ce fléau.

Mesdames et Messieurs,

Selon le rapport de la CNULCD, le nombre et la durée des sécheresses ont augmenté de 29% depuis l’année 2000 à l’échelle mondiale. De 1970 à 2019, les sécheresses ont représenté 15% des catastrophes naturelles mondiales et ont causé des victimes humaines évaluées à 650 000 décès.

 Les pertes économiques mondiales causées par la sécheresse auraient atteint 124 milliards de dollars entre 1998 et 2017, pendant que les pertes annuelles en terme de diminution de recettes annuelles dues à la sécheresse auraient également atteint 42 milliards de dollars US, selon le PNUD.

Les dernières évaluations scientifiques prévoient des sécheresses plus fréquentes et plus graves à l’avenir. Si des mesures ne sont pas prises d’ici 2030, le nombre de déplacés dus aux sécheresses pourraient atteindre 700 millions en 2040 et les personnes affectées toucheraient plus des trois quarts de la population mondiale d’ici 2050, obligeant des migrations qui pourraient atteindre 216 millions de personnes.

En plus des conséquences économiques, la désertification exacerbe la compétition et les luttes pour l’accès aux ressources naturelles qui se traduisent par des conflits culturels, ethniques et fonciers.

Mesdames et Messieurs, Chers compatriotes,

Le Burkina Faso, pays sahélien au climat essentiellement semi-aride et sub-humide sec, est plus que jamais confronté à des conditions agro-écologiques relativement difficiles en raison de la sécheresse, de la péjoration climatique et de la pression anthropique croissante. Selon les résultats d’une récente étude, 5,16 millions d’hectares de terres se sont dégradés entre 2002 et 2013 soit 19% du territoire national, ce qui correspond à une dégradation annuelle de 470 000 hectares.

Le Plan de Gestion Intégrée de la Sécheresse (PGIS) révèle que celle-ci constitue la première catastrophe naturelle au Burkina Faso. Notre pays a connu plusieurs crises alimentaires successives à des périodes de sécheresses survenues en 1973, 1984, 1991, 1994, 1998, 2004 et 2011. La dernière d’une rare ampleur a affecté 3,5 millions de personnes dans 170 communes réparties dans 10 régions du pays ; le déficit céréalier brut a atteint le niveau rarement égalé de 54 462 tonnes.

Les secteurs les plus touchés par la sécheresse sont l’environnement, l’agriculture, l’élevage et l’eau.

Mesdames et Messieurs, Chers compatriotes,

Au regard des impacts néfastes de la sécheresse, il est plus qu’urgent que des actions conséquentes et concrètes soient engagées à tous les niveaux.

C’est dans cette dynamique que l’Etat du Burkina Faso avec l’appui des acteurs de la société civile, des ONG, du secteur privé et des partenaires techniques et financiers a développé plusieurs initiatives pour lutter contre ce fléau.

Au nombre des initiatives récemment développées à cet effet, nous pouvons retenir :

la définition des cibles régionales de Neutralité en matière de la Dégradation des Terres (NDT) ;

la fixation d’un objectif de restauration de 19% de notre territoire avec un effort de mobilisation de 2,7 milliards de dollars US pour réaliser la NDT en vue de renforcer la résilience des populations et des écosystèmes naturels ;

la mise en place d’une coalition nationale Gestion Durable des Terres (GDT) ;

la mise en place du Fonds d’Intervention pour l’Environnement (FIE) en cours d’accréditation auprès du Fonds Vert pour le Climat avec un guichet spécialisé aux questions de GDT.

Mesdames et Messieurs, chers compatriotes

Pour nous relever de la sécheresse, en référence au Plan de gestion intégré de la sécheresse (PGIS), il nous faut nous engager à :

améliorer la gouvernance en matière de gestion de la sécheresse en créant des synergies d’action entre les principaux acteurs du domaine ;

intégrer la réduction des risques de sécheresse dans les stratégies, plans et programmes de développement ;

développer/renforcer le partenariat au niveau régional et international sur la gestion de la sécheresse ;

mettre en place un système intégré de gestion de l’information et de communication sur la sécheresse ;

renforcer les capacités des acteurs, notamment les femmes et les jeunes pour la gestion de la sécheresse ;

mettre au point et diffuser pour les secteurs de développement socio-économiques des systèmes et des technologies résilients à la sécheresse.

J’invite donc solennellement chaque burkinabè à plus d’engagements et de détermination pour mettre fin à cette dégradation continue des terres et de nos écosystèmes et atténuer les effets de la sécheresse.

Le Gouvernement du Burkina Faso à travers les départements concernés ne ménagera aucun effort pour jouer sa partition.

En cette journée internationale consacrée à la sécheresse, mes pensées et ma compassion vont de nouveau vers nos frères et sœurs déplacés internes qui, dans leur quête légitime de sécurité et de ressources vitales, n’ont pas le choix que de rechercher de nouvelles terres pour leurs productions, ce qui n’est pas sans aggraver les conséquences néfastes sur nos écosystèmes naturels déjà fragilisés.

Pour terminer, je voudrais saisir cette occasion pour exprimer toute ma gratitude aux partenaires techniques et financiers pour leurs contributions appréciables.

Ma reconnaissance va à l’ensemble des acteurs nationaux notamment les organisations communautaires paysannes, les ONGs nationales et internationales ainsi que les institutions de recherche qui s’investissent au quotidien pour la restauration de nos terres dégradées et l’amélioration de la résilience de la population et des écosystèmes de notre pays.

Bonne célébration de la Journée Mondiale de la Lutte Contre la Désertification et la Sécheresse 2022.

Que Dieu Bénisse le Burkina Faso >>

           Dr Maminata TRAORÉ/COULIBALY

 Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques

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